
2021 en revue : copié/collé de la COVID-19 et soirée électorale surréaliste
Janvier : le Québec sur pause et la police serre la vis
Janvier 2021. Des milliers de personnes âgées emboîtent le pas à Gisèle Lévesque, première vaccinée contre la COVID-19 quelques semaines plus tôt. Un premier cas du variant britannique répertorié au Québec, juste avant le jour de l’An, rappelle toutefois que la guerre est loin d’être gagnée face à cet ennemi invisible et sournois. Commerces non essentiels fermés, explosion des mets pour emporter : le Québec est sur pause depuis Noël.
Les Québécois sont pessimistes devant cette pandémie qui perdure. Un texte sur les craintes que les mesures exceptionnelles soient repoussées au-delà de la date butoir du 11 janvier deviendra le texte le plus lu sur ICI Québec en 2021. Et l’avenir donnera raison aux incrédules, la plupart des mesures ne seront finalement levées qu’à compter du 8 février.
Le 9 janvier, c’est aussi l’entrée en vigueur du couvre-feu de 20 h à 5 h tous les soirs. Une mesure vivement critiquée dont l’efficacité continue à ce jour d’être contestée. Pour leur part, les autorités serrent la vis contre les réfractaires aux règles strictes. Un résident de Charlevoix qui profite un peu trop de son exemption de travailleur essentiel pour déroger au couvre-feu devra débourser 1500$.
La nouvelle vague de COVID-19 frappe aussi plus durement la population active. Comme cet homme de Québec plongé dans le coma à 44 ans.
Février : la lente reprise économique
Février est le mois de la reprise économique au Québec. Les coiffeuses ressortent leurs ciseaux, pendant que les centres d’achat rouvrent pour une deuxième fois. Les cinémas rouvrent aussi à Québec. Avec ou sans pop-corn? C’est sujet à débat.
Mais il n’y a pas que la COVID-19. Le récit de notre journaliste spécialisé en affaires judiciaires sur un avocat de Québec qui démissionne au beau milieu d’un procès fait le tour du monde francophone. C’est le deuxième texte le plus lu en 2021.
Puis, deux aventuriers qui s’étaient lancé le défi fort médiatisé de relier en ski Québec au lac Saint-Jean doivent rebrousser chemin avant la fin. L’ancienne route commerciale ancestrale de plus de 300 kilomètres qu’ils devaient emprunter est impraticable à plusieurs endroits parce que les cours d’eau ne sont pas gelés.
Mars : éclosion majeure au Mega Fitness Gym
L’histoire est à l’honneur en mars. D’abord, parce que c’est malheureusement la fin du célèbre arbre au boulet. On doit se résoudre à abattre l’orme d’Amérique qui attire des milliers de touristes chaque année dans le Vieux-Québec.
Autre triste nouvelle liée à l’histoire : la pandémie affecte désormais le Québec depuis un an. Ce virus nous révèle ses mystères un peu plus chaque jour. Après tout, son évolution n’est pas si différente des épidémies qui ont affligé l’humanité dans le passé.
Les modes de vie des Québécois ont aussi évolué à vitesse grand V depuis mars 2020, ce qui a des répercussions majeures dans l’économie. À l’ère du télétravail, la course au bien-être chez soi cause une immense pression sur le marché immobilier. Une femme de Québec en témoigne. Elle a reçu 57 visites en 4 jours et des offres de crédit voyage après avoir mis son petit jumelé de Neufchâtel en vente.
L’événement marquant de mars se produit toutefois à la toute fin du mois, lorsqu’une éclosion majeure survient au Mega Fitness Gym 24 h de Québec. Au moins 400 cas de COVID-19 y seront reliés. Le virus affecte également Daniel Marino, propriétaire de l’établissement, montré du doigt pour avoir défié les mesures sanitaires.
Avril : traitement-choc à Québec et Lévis
La COVID-19 gagne encore une fois du terrain dans la grande région de Québec. Avec la hausse fulgurante des cas, le gouvernement annonce que Québec et Lévis passent en rouge foncé dès le 1er avril. Les commerces ferment à nouveau, tout comme les écoles primaire et secondaire.
Des restaurateurs lancent un cri du cœur, alors que la mesure entre en vigueur juste avant Pâques. C’est aussi le casse-tête des parents avec le retour de l’école à la maison.
Le ton monte par moment. Un expert critique le gouvernement Legault qui a maintenant renouvelé l’état d’urgence sanitaire 53 fois depuis le début de la pandémie. Pendant ce temps, Régis Labeaume s’en prend publiquement à Daniel Marino ainsi qu’aux propriétaires de la station CHOI dont le comportement est dangereux pour la santé publique
, selon le maire de Québec.
Comme quoi plus rien n’est pareil, la nature se charge de nous rappeler que c’est encore le monde à l’envers en 2021. Avec le dégel, des dindons sauvages sont aperçus sur les plaines d’Abraham ainsi que sur l’avenue Cartier. Les changements climatiques font en sorte qu’elles migrent vers le nord.
Mai : le parc Victoria pris d’assaut
La COVID-19 peut tuer des gens de tout âge qui n’ont pas reçu leur vaccin, ça ne fait plus de doute. Une femme de 38 ans originaire de Québec succombe à son domicile à la suite de complications.
Comme l’année précédente, le retour vers l’été est également synonyme de déconfinement pour les Québécois. Le relâchement est ressenti. Le parc Victoria est notamment pris d’assaut à Québec. Les innombrables déchets qui jonchent le sol dérangent particulièrement le voisinage.
L’imposition du couvre-feu est finalement levée dans une annonce à la fin mai. Pour la première fois en plus de 4 mois, les Québécois peuvent sortir sans nécessairement se soucier de l’heure qu’il est.
Le Québec est d’ailleurs reconnu comme l’une des provinces les plus répressives face à la COVID-19. Depuis janvier, les Québécois ont reçu plus de 24 millions de dollars d’amendes pour violation des mesures sanitaires.
Juin : le bon vieux pont Pierre-Laporte
Comme l’année précédente, l’actualité prend une pause de la COVID-19 en même temps que l’arrivée de l’été. Les féminicides préoccupent au Québec et la capitale n’y échappe pas. Nathalie Piché est retrouvée morte dans son logement du quartier Limoilou. Son conjoint sera plus tard accusé de l’avoir tuée.
Un autre procès fort médiatisé est au cœur des manchettes. L’ex-journaliste Michel Venne est reconnu coupable d’agression sexuelle sur l’auteure et réalisatrice Léa Clermont-Dion. Les faits reprochés à l’homme de 61 ans se sont déroulés en 2008, à l’époque du 400e de Québec et au moment où la victime était mineure. Le jugement fait beaucoup réagir.
À l’aube des vacances estivales, les travaux prévus sur le pont Pierre-Laporte font craindre (à tort) le pire. Des employeurs vont même payer une chambre d’hôtel à leurs travailleurs pour qu’ils n’aient pas à passer plusieurs heures dans le trafic matin et soir.
Juillet : l’affaire Carpentier ravivée
Un an après l’affaire Carpentier qui a captivé tout le Québec, une enquête de Radio-Canada nous apprend que le drame de Saint-Apollinaire ne se serait pas joué aussi rapidement que la étaient encore en vie au matin, le lendemain du mystérieux accident de la route survenu le soir du 8 juillet 2020.
SQ l’affirmait. Tout indique que Martin Carpentier et ses deux filles, Norah et Romy,Un bar tendance, le 737, ne fait pas l’unanimité dans son voisinage de L’Ancienne-Lorette en raison du bruit occasionné par l’abondance de spectacles au coeur de l’été. Le maire Gaétan Pageau déplore pour sa part un manque de communication avec l’administration aéroportuaire, tandis que plusieurs hélicoptères survolent notamment le secteur toutes les fins de semaine.
Août : le passeport vaccinal et ses ratés
Inimaginable il y a moins de deux ans, un passeport vaccinal fera désormais partie du quotidien des Québécois qui souhaitent adhérer à une foule d’activités. Alors que l’application est en voie d’être téléchargée par des milliers de personnes, d’importants ratés sont révélés au grand jour.
En seulement quelques heures, un informaticien consulté par Radio-Canada réussit à découvrir des failles qui lui ont permis de créer de fausses preuves de vaccination. On rapporte aussi des cas de fraude envers des personnalités publiques.
Pendant ce temps, la police de Québec et Hydro-Québec enquêtent sur un vol d’électricité après la découverte de 1000 ordinateurs servant au minage de cryptomonnaie dans l’arrondissement Beauport. On apprendra quelques semaines plus tard qu’un réseau de voleurs a été court-circuité grâce à cette trouvaille.
Le manque de personnel en centre hospitalier continue d’exaspérer les infirmières, au point où des sit-ins se tiennent au CHUL tant qu’il n’y aura pas de rencontres avec la haute direction.
Le procès de la belle-mère accusée d’avoir séquestré et tué la fillette de Granby en avril 2019 constitue l’un des événements judiciaires de l’année au Québec. En août, Radio-Canada révèle que la hausse du nombre de signalements faits à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a bondi de près de 20 % depuis ce triste événement. La belle-mère sera finalement reconnue coupable en décembre.
Septembre : des
PAB en ont marre un an plus tardUn an après leur arrivée en CHSLD, plusieurs préposés aux bénéficiaires (PAB) ayant suivi la formation accélérée offerte par le gouvernement songent déjà à quitter leur emploi. N’étant plus contraints à rembourser la formation, plusieurs dénoncent des salaires peu alléchants.
Guy Rondeau, 56 ans de Lévis, reçoit pour sa part l’aide médicale à mourir. La veille de sa mort, il accorde une entrevue poignante à Radio-Canada. Décider de sa mort quand on se sait condamné : l’homme atteint d’une maladie orpheline rare en parle ouvertement pour susciter le débat.
Un meurtre survient dans des circonstances nébuleuses à Saint-Raymond, dans Portneuf. Patricia Sirois, une mère de famille de 35 ans, est tuée par balle devant ses enfants. Un voisin de la victime, Martin Lévesque, est accusé de meurtre non prémédité.
Octobre : encore l’affaire Carpentier
La coroner dévoile son rapport sur l’affaire Carpentier en octobre. Martin Carpentier aurait paniqué quand il a reçu les documents qu’il avait fait préparer pour divorcer de la mère de ses filles, en juillet 2020. Il aurait ensuite provoqué un accident sur l’autoroute 20 à Saint-Apollinaire pour mourir avec elles, selon le rapport obtenu en exclusivité par Radio-Canada.
La coroner conclut également qu’une série de problèmes de communication ont nui à l’efficacité de l’enquête, donc aux chances de peut-être retrouver Norah et Romy vivantes.
Pendant ce temps, la pandémie semble de plus en plus derrière nous. L’économie roule à fond. C’est le retour des nombreux déplacements et voyages. L’inflation grimpe en flèche. À l’aube de l’Action de grâce, des records de prix de l’essence sont fracassés un peu partout au Canada. Des Canadiens en ont marre. Aurons-nous une révolution accélérée vers les véhicules électriques (Nouvelle fenêtre)?
L’affaire Paul Mukendi fascine également. Le révérend, en cavale depuis deux mois, est retracé par Radio-Canada. Après avoir fui le pays afin d’échapper à une peine d’emprisonnement pour agressions sexuelles, Mukendi refait surface dans un hôtel de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Il continue de proclamer son innocence.
Il y a aussi des nouvelles plus légères qui cartonnent sur le web, comme cette soudaine invasion des coccinelles asiatiques, plus visibles que jamais dans toutes les régions du Québec, en ce début d’automne.
Novembre : l’élection irréelle de Bruno Marchand
Le 7 novembre 2021 restera gravé dans les mémoires collectives. Avec une avance initiale de 5000 voix, la dauphine de Régis Labeaume, Marie-Josée Savard, est déclarée élue par plusieurs médias. À 21 h, elle prononce même un discours de victoire. Mais son avance fond tout au long de la soirée. À la surprise générale, Bruno Marchand remporte finalement l’élection.
Le 38e maire de l’histoire de la ville de Québec avoue être lui-même passé par toute la gamme des émotions et trouve que c’est cruel pour Marie-Josée Savard
. Minoritaire au conseil de ville, le maire Marchand appelle d’ailleurs l’opposition à bâtir avec lui la ville de Québec de demain. Une déclaration qui détonne par rapport à son prédécesseur, Régis Labeaume.
Bruno Marchand promet aussi de faire preuve de plus de transparence que l’administration précédente dans le dossier du tramway. Un autre projet qui soulève les passions à Québec, le 3e lien, se retrouve aussi dans l’actualité. Des chercheurs se préoccupent de la faisabilité même
du projet de tunnel sous-fluvial sur le tracé actuel dessiné par le gouvernement Legault.
Le temps des Fêtes est aussi à nos portes. C’est le retour du karaoké, la danse, Nez rouge et ultimement des partys de Noël. Plusieurs grandes entreprises font cependant le choix d’organiser des fêtes de Noël en mode virtuel. Seules les entreprises avec un plus petit nombre d’employés peuvent festoyer en présentiel, sous certaines conditions.
Décembre : Omicron… non à la brutalité policière
Au tournant de décembre, alors qu’on prononce à peine le mot Omicron, le Service de police de la Ville (SPVQ) se retrouve sous les projecteurs en raison de multiples arrestations musclées survenues au cours des semaines précédentes. Une série de vidéos dévoilées publiquement mène à la suspension de cinq policiers. L’un d’eux pourrait même avoir commis des gestes criminels, notamment lors d’une intervention au District Saint-Joseph.
Alors que de nombreuses voix s’élèvent contre la brutalité policière, une enquête de Radio-Canada vient toutefois jeter un nouvel éclairage sur les arrestations controversées survenues à la sortie du bar Le Dagobert dans la nuit du 26 au 27 novembre. Les agents en fonction auraient reçu une pluie d’insultes de la part des jeunes, en plus d’être visés par des crachats et des coups.
Mais la pandémie trouve à nouveau une façon de remonter sur son trône à titre de reine absolue de l’actualité pour finir l’année. L’arrivée fort médiatisée des (trop rares) tests rapides en pharmacie est rapidement éclipsée par Omicron et les préoccupations qu’il engendre. En quelques semaines à peine, le variant ultra contagieux devient dominant dans la province. Des records de nouveaux cas positifs au virus sont facilement fracassés aux quatre coins du Québec.
Après les célébrations de Noël limitées à 10 personnes, les Québécois sont soumis à un nouveau régime minceur. Six personnes ou deux bulles familiales sont permises sous un même toit au tournant de 2022. La même consigne s’applique aux restaurateurs, mais plusieurs se résignent à fermer temporairement.
Est-ce que ce sera le Jour de la Marmotte en janvier 2022? Comme on a pu le constater en 2021, il n’y a aucune certitude, mais si la tendance se maintient, Radio-Canada prévoit que de nombreux Québécois craindront, dès les premiers jours de 2022, un prolongement des mesures exceptionnelles au-delà du 11 janvier. Bref, exactement comme au début de ce texte…
Avec la collaboration d’Érik Chouinard