À Manawan, des femmes montent au front contre la COVID-19 avec l’appui de la communauté | Coronavirus
La communauté atikamekw de Manawan est aux prises avec ce défi. Un trajet de 200 kilomètres sépare Manawan de Joliette et la communauté souffre de surpeuplement dans ses maisons.
« Nous ne pouvons pas respecter toutes les mesures sanitaires annoncées par le premier ministre Legault. Aussi, il y a un manque de maisons qui fait en sorte que certaines familles vivent à raison de 10 personnes et plus dans la même bulle. »
Les membres de la communauté doivent franchir cette distance pour obtenir des soins de santé à l’hôpital de Joliette et pour avoir accès à une plus grande diversité d’épiceries et de magasins. Les déplacements, en majorité liés à des besoins essentiels, favorisent le covoiturage et les contacts plus étroits.
Francine Moar rappelle également que Manawan a connu une année fort difficile. Toute la nation a été affectée
, dit-elle. Elle parle de la disparition tragique de Joyce Echaquan et des conséquences sur les membres de la communauté.
La pandémie rend également les gens plus vulnérables. Les membres de la communauté ont toutefois exigé l’installation de guérites à l’entrée de Manawan et celles-ci ont été mises en place par le CMU, dont fait partie Francine Moar.
Les guérites n’empêchent pas les membres de la communauté de circuler hors de leur communauté : elle a pour fonction de bloquer l’accès aux gens qui n’habitent pas parmi la communauté.
« Seuls les visiteurs ayant leur passeport vaccinal et qui ne présentent aucun symptôme de la COVID-19 peuvent entrer dans la communauté. »
Les guérites ont été retirées le 31 octobre et remises en place le 24 novembre, bien avant le temps des Fêtes et en prévention contre le variant Omicron
, rappelle Francine Moar.
Au tout début de la pandémie, si la communauté découvrait un cas positif à la COVID-19, une étude épidémiologique était réalisée par la santé publique de Lanaudière.
Actuellement et au plus fort de la pandémie, la santé publique de Lanaudière étant débordée, nous effectuons une enquête pour comprendre la source de la maladie, avec nos propres moyens
, explique Francine Moar.
Nous réalisons notre propre dépistage, le traçage de contact ainsi que les suivis des cas. L’équipe rattachée à la COVID-19 et le personnel donnent beaucoup de temps pour le suivi des cas et c’est très exigeant
, dit-elle.
Mme Moar précise que les personnes déclarées positives à la COVID-19 communiquent avec l’équipe spécialisée et la soutiennent dans le traçage et la recherche de contacts. Il y a une implication réelle des membres.
« Les membres participent. Ils s’encouragent entre eux : « On devrait rester chez nous », disent-ils. »
D’une voix riante et fière, elle précise que l’équipe de la COVID-19 a récemment remporté le prix coup de cœur de l’Ordre régional des infirmières et infirmiers de Laurentides-Lanaudière (ORIILL).
C’est ma tante, Annie Dubé-Flamand, qui m’a encouragée dans mes études en soins infirmiers
, dit Mme Moar, qui travaille sur le front de la pandémie et de tout ce qui concerne la santé de la communauté. Ma tante, dans son jeune temps, travaillait dans un milieu hospitalier, aux alentours des années 1950. Elle m’a donné le goût de mon métier, d’être là.
Avec une voix assurée, elle affirme qu’ils ont constaté une hausse des besoins en soins de santé mentale et une cellule de crise a été créée. Une ligne téléphonique a été ouverte afin de soutenir les membres de la communauté et de briser l’isolement, tant physique que psychologique. Ce n’est pas une période facile et pour personne
, dit-elle.
« Lorsqu’une personne est atteinte de la COVID-19 ou qu’une autre doit s’isoler d’une manière préventive, des gens de la communauté, soutenus par le CMU, apportent de la nourriture aux gens en isolement. »
65 % des membres de la communauté ont reçu leurs deux doses de vaccin, et lors de l’injection de la troisième dose réservée aux gens de 60 ans et plus, cette journée-là, des gens non vaccinés se sont présentés à l’équipe en place afin d’obtenir leur première dose
. Au moment de rédiger ces lignes, la couverture vaccinale était évaluée à 70 % pour l’ensemble de la population de Manawan. Depuis le 8 décembre, la communauté a recensé 22 cas de COVID-19.