
Comment préparer son enfant pour le retour à l’école | Coronavirus : Ontario
La pandémie a eu un impact significatif sur la santé mentale de bien des enfants.
L’anxiété, la dépression et les troubles alimentaires sont en hausse, selon plusieurs rapports, sans parler des effets négatifs des cours en ligne sur l’apprentissage et le développement social, note le Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID-19.
Comment discuter avec son enfant de la multiplication des infections et des hospitalisations ainsi que du retour à l’école, en apaisant ses craintes?
Radio-Canada a demandé à la professeure en psychologie Nafissa Ismail, membre de l’Institut de recherche sur le cerveau de l’Université d’Ottawa, d’offrir des recommandations pour les parents.
Mon enfant me demande : « Papa, pourquoi est-ce que je retourne à l’école même s’il y a beaucoup d’infections, alors que tu continues à travailler de la maison? » Que devrais-je lui répondre?
« C’est vrai qu’il y a une contradiction ici, mais il faut rassurer les enfants que c’est pour le bien de leur éducation. Ils sont restés à la maison après les Fêtes, parce que la situation était hors de contrôle, mais là, on a espoir que le tout commence tranquillement à se normaliser. Et les parents aussi vont pouvoir être de retour au bureau, on l’espère bientôt.
Mais entretemps, c’est important quand même de pouvoir envoyer les enfants à l’école pour leur développement académique, mais aussi pour le développement sociocognitif qui est si important à cet âge-là.
Ce serait important de dire aux enfants que leur retour à l’école va se faire en toute sécurité avec les mesures qui sont en place en ce moment pour les protéger. Alors ça va être important de bien suivre ces nouvelles mesures et de garder en tête qu’ils retournent à l’école, parce que c’est sécuritaire de le faire. »
On entend parler d’Omicron partout. Est-ce qu’on devrait parler de ce variant aux enfants ou leur donner le moins d’information possible pour ne pas les inquiéter?
« Les enfants ont besoin de savoir et de comprendre ce qui se passe autour d’eux, parce que ce qu’ils ne comprennent pas va les stresser encore plus, alors c’est important de bien les informer. Mais c’est vraiment à chaque parent de juger de combien d’information l’enfant a besoin et quand est le moment propice.
Parce que c’est sûr que quand l’enfant n’est pas prêt ou qu’il est occupé dans sa tête avec d’autres choses, on ne veut pas transmettre de l’information quand ce n’est pas le bon moment. On veut le faire calmement. On veut que l’enfant puisse avoir une conversation ouverte avec ses parents au sujet d’Omicron, au sujet de la pandémie, au sujet de la durée de la pandémie, des changements à venir.
Alors c’est important que l’enfant puisse aller chercher l’information comme ça à travers des conversations avec les parents, parce que sinon, ils n’ont pas d’autre moyen pour aller chercher cette information-là. Et ce qu’ils ne comprennent pas, ce qu’ils ne connaissent pas va les stresser beaucoup plus que ce qu’ils comprennent. »
Lorsque mon enfant revient à la maison après l’école, comment m’assurer que son retour en classe se passe bien?
« Ça va être très important de continuer à garder des conversations ouvertes avec les enfants quand ils vont être de retour à l’école. S’informer de comment leur journée s’est passée, comment l’apprentissage a eu lieu, ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils ont moins aimé de leur journée.
Essayer de voir : est-ce que notre enfant semble stressé par ce qui se passe, est-ce qu’il semble anxieux? Est-ce qu’il démontre des changements au niveau du comportement qu’on voudrait peut-être intervenir ou parler davantage à notre enfant de ça ou à un professionnel de la santé.
C’est important pour les parents de rester à l’écoute et de maintenir des conversations ouvertes, de toujours faire sentir à l’enfant que ses conversations sont toujours les bienvenues. »
Quels sont les signes à surveiller?
« Les parents sont toujours les meilleurs pour détecter des changements au niveau du comportement des enfants. Si vous détectez des changements au niveau de l’appétit, au niveau du sommeil, au niveau de la motivation chez l’enfant, si vous trouvez qu’il prend moins de plaisir à s’impliquer dans des activités qu’autrefois il trouvait très plaisantes… Si vous voyez qu’il se renferme un peu, qu’il parle moins, qu’il semble inquiet.
C’est tous des changements comportementaux qui sont importants et vos inquiétudes par rapport à ces changements de comportement sont valides. Alors, ça va être important de surveiller tout ça, d’en parler aussi avec l’enfant si ça persiste. C’est sûr que si ça arrive juste une journée, on s’en inquiète pas trop. On a tous des sautes d’humeur.
Mais si ça persiste et si on est inquiet que ça interfère avec les activités quotidiennes de l’enfant ou avec ses performances académiques, ça va être important d’en parler à l’enfant, d’essayer de voir comment on peut gérer un peu ces symptômes-là.
Et si on n’arrive pas, c’est tout à fait correct de consulter. En tant que parent, on n’est pas psychologue, on n’est pas médecin, alors on n’a pas les connaissances nécessaires pour pouvoir gérer les enfants et les soutenir à travers ces phases plus difficiles, plus stressantes. Il ne faut pas hésiter à consulter et aller chercher de l’aide professionnelle. »
Y a-t-il des activités à faire avec les enfants pour les aider à affronter la pandémie?
« Oui, si on recherche des façons de gérer le stress, de gérer un peu les anxiétés chez les enfants par rapport à tout ce qui se passe avec la pandémie, avec Omicron, il y a plusieurs choses qu’on peut faire pendant la fin de semaine qui peuvent les aider. Les activités physiques à l’extérieur, c’est toujours très, très avantageux, tant pour la santé mentale que la santé physique.
Passer du temps en famille, faire des choses simples, des jeux de société, écouter un film en famille, relaxer et prendre le temps de refaire le plein d’énergie.
Ce qui peut aider aussi, ce sont des techniques de yoga, de respiration, de relaxation. Ce sont des choses qu’on peut faire encore en famille, qu’on peut faire avec des enfants qui sont assez jeunes. Et ça les aide vraiment à se calmer, surtout avant l’heure du sommeil, ça les détend et ils dorment mieux. »
Avec Omicron, on a l’impression d’être revenus à la case départ. Que peut-on dire à son enfant pour lui redonner espoir?
« Il est important de rappeler aux enfants qu’on se trouve encore dans cette situation, mais que la situation reste temporaire et qu’éventuellement on va s’en sortir. C’est pour ça qu’il y a toutes ces mesures restrictives en place, pour qu’on puisse retrouver le normal et gagner cette bataille contre Omicron et les autres variants. On va y arriver ensemble, en famille et en communauté, si chacun respecte les règles.
C’est important aussi d’utiliser ces moments-là qui sont quand même des moments spéciaux. On est en train de vivre une période historique avec des moments qui ne vont peut-être pas revenir plus tard… Sûrement qu’on ne veut pas qu’ils reviennent aussi! Mais il faut essayer de tirer avantage de ça pour les rendre un peu plus positifs. Il y a peut-être des activités qu’habituellement, on n’a pas le temps de faire en famille, mais que là, maintenant qu’on est confinés et qu’on a plus de temps, que peut-être que maintenant, c’est le temps de s’impliquer dans ces activités-là en famille. Alors on peut essayer de rendre ces moments-là un peu plus positifs et plus mémorables. »