
Dépassements à l’incinérateur : une meilleure surveillance réclamée
La plus récente période d’échantillonnage de l’air ambiant à proximité de l’incinérateur a permis de détecter un rejet de dioxines et de furannes quatre fois plus élevé que la norme environnementale dans le four no 4.
Selon le chimiste Yvan Ouellet, il s’agit de substances hautement toxiques et cancérogènes. Il rappelle que ce n’est pas la première fois que la Ville a des problèmes avec ce four.
Même qu’on l’avait fermé pendant quelques jours compte tenu qu’il y avait des problèmes. Est-ce qu’il faudrait le fermer définitivement? Je pose la question
, souligne M. Ouellet, un ancien membre du Comité de vigilance de la gestion des matières résiduelles de la Ville de Québec.
La deuxième campagne annuelle d’échantillonnage des quatre fours de l’incinérateur a été réalisée entre le 8 et le 16 septembre dernier.
L’administration Marchand affirme être à pied d’œuvre pour trouver la cause de cette concentration élevée de certaines substances à l’intérieur du four no 4. Une nouvelle analyse aura lieu la semaine prochaine.
La Municipalité assure que les émissions de l’incinérateur n’ont pas d’effet détectable sur les concentrations de dioxines et de furannes dans l’air ambiant. Elle ajoute que ce genre d’anomalie n’avait pas été détecté au four no 4 depuis juin 2017.
Échantillonnage plus fréquent
Dans un récent rapport (Nouvelle fenêtre), le BAPE recommandait l’augmentation de la fréquence d’échantillonnage près des incinérateurs.
L’exigence du [Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère] de ne procéder minimalement qu’à un seul échantillonnage à la source par année […] est nettement insuffisante pour assurer le respect des normes. La commission d’enquête estime que le règlement devrait être révisé à cet effet pour permettre une appréciation fiable et représentative des fluctuations des émissions
, peut-on y lire.
Présentement, la Ville de Québec procède à deux tests par année, même si la loi n’en requiert qu’un.
Le chimiste Yvan Ouellet partage les préoccupations du
BAPE. Il a d’ailleurs déposé un mémoire auprès de l’organisme, coécrit avec d’autres experts, demandant davantage de surveillance. Deux campagnes d’échantillonnage, ce n’est pas suffisant pour avoir un portrait complet de la situation
, argumente-t-il.
M. Ouellet affirme qu’au nom de la santé et de la sécurité de la population des quartiers centraux de Québec, la Ville ne devrait pas hésiter à en faire plus.
L’exploitant, soit la Ville de Québec, doit faire la démonstration que son système, que l’incinération est sécuritaire. Et pour faire cette démonstration, ça prend des données scientifiques. […] Ça coûtera ce que ça coûtera. Et si on ne peut plus l’opérer à cause des coûts, bien là, il reste une seule conclusion possible
, lance le chimiste.
Monoxyde de carbone
Malgré l’anomalie du four no 4, la Ville s’est dite satisfaite des autres données recueillies lors de l’échantillonnage. Pour la première fois de l’histoire de l’incinérateur, les émissions de monoxyde de carbone sont en deçà des normes environnementales, et ce, pour les quatre fours.
L’administration municipale attribue ces données encourageantes à l’utilisation de brûleurs au gaz naturel récemment installés.
Par ailleurs, l’entretien annuel des quatre fours de l’incinérateur se poursuit selon l’échéancier prévu. Des améliorations sont également prévues au calendrier. Par exemple, un analyseur en continu pour le mercure sera installé au cours de l’année 2022 pour le four no 1.
Avec des informations de Claude Bernatchez