
En santé, le N95 ne doit pas être utilisé avec parcimonie, disent des experts
Même en zone verte, quelqu’un d’asymptomatique, il faut postuler qu’il s’agit de quelqu’un de contagieux, qu’il peut contaminer les autres
, déclare le Dr Luc Bhérer, spécialiste en médecine du travail.
Il souligne que l’appareil de protection respiratoire (APR), plus connu sous le nom de masque N95, est le dernier rempart pour protéger les travailleurs de la santé
et diminuer les risques qu’ils attrapent la COVID-19.
Depuis le 24 décembre, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) exige le port du masque de type N95 pour les travailleurs de la santé, même ceux qui travaillent dans certains cas en zone froide.
Selon un document consulté par la Presse canadienne, cela signifie qu’un travailleur pourrait entre autres porter le N95 avec tout patient présentant un ou des symptômes compatibles avec la COVID-19, en zone froide
.
La
CNESST n’a toutefois pas encore répondu à nos demandes de précisions pour mieux comprendre cette nouvelle mesure.Une incompréhension
D’après un autre expert en faveur de l’élargissement du port de l’
APR à tous les travailleurs de la santé, les décideurs devraient mieux s’informer quant à l’importance de ce masque de protection.Ce qu’il manque au Québec, c’est une compréhension de la protection respiratoire en milieu de soins. Pourtant, dans le contexte, avec le variant Omicron, il faut un élargissement complet aux zones froides
, estime le professeur Maximilien Debia du département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal.
Le Dr Bhérer partage cet avis. On ne devrait pas limiter l’usage de l’appareil respiratoire à quelques contextes seulement, comme s’il fallait être dans la parcimonie pour bien protéger nos travailleurs de la santé, il me semble que dans le contexte, nos travailleurs doivent compter sur une protection optimisée
, mentionne-t-il.
Le professeur Debia ajoute que le Québec pourrait se doter d’un guide pratique complet qui expliquerait l’utilité de chaque appareil de protection respiratoire.
Quelques inconvénients
À Québec, le Dr Mathieu Simon estime que le masque N95 n’a pas à être remis à tous les travailleurs de la santé.
Je comprends que pour des spécialistes de l’hygiène de travail, leur objectif est de viser le risque zéro. Mais, un travailleur de la santé qui porte un N95 peut parfois avoir un faux sentiment de sécurité
, indique celui qui est chef du département de soins intensifs à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ).
Le Dr Simon croit plutôt qu’en période de transmission communautaire accrue, comme c’est le cas présentement, les travailleurs de la santé peuvent se contaminer dans leur vie personnelle, à la maison, comme à l’hôpital. Il devient donc plus difficile de justifier le port du N95 dans d’autres circonstances que celles déjà prescrites par la
CNESST.Nous n’avons plus les inquiétudes quant à l’approvisionnement des masques N95 comme avant, mais il faut faire des calculs quant à leur utilisation pour maximiser les ressources
, ajoute-t-il.
Après l’annonce de la
CNESST, plusieurs syndicats avaient démontré leur satisfaction quant à l’élargissement du port du N95 en zone froide, dans certains cas.La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) va dans le même sens que le Dr Bhérer et le professeur Debia. Sa présidente Julie Bouchard souhaite que tous les travailleurs de la santé puissent avoir accès aux appareils de protection respiratoire en tout temps.
Que dit l’
INSPQ?Par courriel mercredi, une porte-parole de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) écrit d’emblée que les plus récentes décisions ont été rédigées avant la circulation du variant Omicron.
Le document pourrait être révisé dans les prochaines semaines, écrit Sybille Jussome.
Ainsi, pour le moment, l’est recommandé dans certaines situations pouvant augmenter le risque de transmission, comme lors d’interventions médicales générant des aérosols
.
Il est aussi recommandé de l’utiliser lors d’éclosions non contrôlées en milieux de soins.