
Enrico Ciccone se réjouit pour son ami Kent Hughes, nouveau DG du Canadien | Vous avez vu?
L’ancien joueur de la LNH devenu député libéral de la circonscription de Marquette a beaucoup d’estime pour Hughes, avec qui il a partagé plusieurs années au hockey mineur.
Kent et moi, on se connaît depuis l’âge de 13-14 ans. On a joué trois ans ensemble au niveau bantam AA et au sein du midget AAA avec les Lions du Lac Saint-Louis
, a d’abord souligné l’ancien dur à cuire.
Nos chemins se sont séparés après le midget AAA, les Lions favorisant, encore aujourd’hui, les collèges américains plutôt que la Ligue junior majeur du Québec. Pratiquement la moitié de l’équipe s’en allait du côté des États-Unis
, a expliqué Ciccone.
Les deux hommes sont toujours restés en contact. Ils ont tous les deux œuvré dans le milieu du hockey professionnel en tant qu’agents de joueurs. Même en ce mardi matin, ils ont eu une conversation téléphonique pendant laquelle Hughes ne lui a toutefois pas révélé qu’il était le nouveau DG du Tricolore.
S’il avoue n’avoir jamais pensé à son ami dans le processus de sélection, Ciccone lui reconnaît des qualités qui devraient lui permettre de s’accomplir dans ses nouvelles fonctions.
« Kent est une très bonne personne. Il a toujours été un leader. Il a toujours été notre capitaine à chaque année où j’ai joué avec lui. C’est une personne très généreuse et très sensible. Je pense que c’est une excellente acquisition pour le Canadien. »
À la case départ
Enrico Ciccone estime qu’il vaut mieux que les gens apprennent à le connaître plutôt que d’avoir une idée préconçue de la personne.
Ce n’est pas la première fois qu’un agent devient directeur général dans la LNH. Faire ce saut est très difficile parce qu’il faut comprendre qu’il y a deux clans dans la ligue: les agents, qui veulent aller chercher le plus d’argent possible pour leurs clients, et le côté patronal, qui veut avoir les joueurs le moins cher possible.
Le fait que Hughes s’installe dans le fauteuil du directeur général au moment où le Canadien est 32e et dernier au classement de la LNH est à la fois un défi et une bénédiction, selon lui.
Il ne peut pas descendre l’équipe plus bas. Il peut seulement l’améliorer. On a vu un changement dans les façons de faire de la LNH dans les dix dernières années avec l’ajout de vice-présidents hockey. On en a maintenant à Montréal. On va travailler en équipe. On va avoir un consensus et une équipe qui va bâtir le Canadien
, a-t-il renchéri.
Ciccone est d’avis que malgré la relation serrée qui existe entre Jeff Gorton, vice-président des opérations hockey du CH, et le nouveau directeur général, Kent Hughes n’est pas du genre à dire oui à tout.
« Il va être capable de challenger. Il va être capable d’amener son idée. Il est bien implanté dans la LNH même s’il n’est pas issu de la ligue. Il a dû bâtir, brique par brique, ses relations avec les directeurs généraux, avec les dépisteurs et tous ceux qui entourent la LNH. »
Jeff Gorton a repêché le fils aîné de Hughes, Riley, du temps où il était à la tête des Rangers de New York. Jack, l’autre fils de Hughes, est admissible au prochain repêchage de la LNH qui se tiendra à Montréal, l’été prochain. Cet état de fait n’inquiète pas Ciccone outre mesure.
Je ne connais pas la qualité de Jack Hughes. Je vous dirai simplement que Kent est un gars assez intelligent pour s’assurer de ne pas mettre son fils dans une position délicate. Quand on repêche un joueur, on veut qu’il soit reconnu pour ses qualités. Il y a toujours une question de perception. Si Jack est assez bon pour être repêché par le Canadien, il sera assez bon pour être choisi par une autre équipe
, a ajouté Ciccone.
Rebâtir, le mot tabou
Enfin, Enrico Ciccone s’attend à pas mal d’action dans l’entourage du Canadien d’ici la date limite des échanges.
Il devra évaluer son personnel hockey jusqu’au dernier joueur repêché en 2021. Le dossier Logan Mailloux a fait énormément jaser. On va devoir y penser sérieusement. Mais pour remettre l’équipe sur les rails à court terme, il devra faire le ménage
, a soutenu Ciccone.
« Kent Hughes arrive dans une situation où l’on est capable, à cause des résultats que l’on a, de commencer à rebâtir. Le mot rebâtir a été évité ici, à Montréal. Ç’a toujours fait peur. Mais à un moment donné, une équipe professionnelle doit passer par cette transition. »
Ça va passer par des choix au repêchage et par du développement des bons jeunes joueurs, mais aussi en libérant de la masse salariale des joueurs qui ne seront plus nécessairement utiles pour le Canadien d’ici trois ou quatre ans, et cela inclut Carey Price.
Même s’il a un nom à consonance anglophone et qu’il a vécu à Boston pendant plusieurs années, Kent Hughes est Québécois et parle très bien le français, insiste Ciccone.
Questionné sur la sensibilité de Kent Hughes à la cause des joueurs issus du Québec et leur place au sein du Canadien, Enrico Ciccone croit que ceux-ci ont toujours été considérés.
Avant de penser qu’une équipe n’a pas à cœur le talent d’ici, il faut commencer par bien développer nos Québécois et produire de meilleurs joueurs, a-t-il dit. Quand il y avait du talent, le Canadien en prenait des joueurs ici.
Aujourd’hui, c’est difficile de repêcher un joueur francophone pour le Canadien. Est-ce qu’il y a un bon joueur pour chaque équipe, à chaque repêchage? Force est d’admettre que non. Parce que le nombre de Québécois repêchés diminue constamment. Il faut retourner à la base et commencer avec une réforme complète. Et ça ne va pas passer par un comité qui va se pencher là-dessus pendant quatre mois
, a conclu Ciccone en lançant une flèche au premier ministre François Legault et au groupe de 12 experts recrutés dans l’espoir de relancer le hockey au Québec.