
Fraude, Ariane Moffatt et diètes : le culte de la minceur n’a jamais été aussi trompeur
Cette publicité datée du 19 janvier ressemble en tout point à une publication Facebook. Elle a été visible dans les contenus commandités proposés sur le réseau social au cours de la dernière semaine.
Ça dure depuis plusieurs mois. La première fois, on pensait qu’on serait capable de les arrêter, mais on a remarqué qu’ils font juste recommencer avec un autre nom de domaine
, confirme Stéphanie Moffatt, l’agente de l’autrice-compositrice-interprète.
D’autres personnalités connues au Québec ont vécu, ou vivent encore, cette situation, dont le comédien Michel Charette.
Maintenant, on a un message automatique sur les comptes d’Ariane pour expliquer que c’est une fraude. Jamais Ariane ne ferait la promotion d’un produit de perte de poids. C’est une fervente représentante de la diversité corporelle
, poursuit Stéphanie Moffatt.
La guerre aux produits amaigrissants
Ce type de marketing mensonger et parfois frauduleux est dans la mire de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ).
C’était une préoccupation, le culte de la minceur. Ça s’est grandement exacerbé avec le confinement. Et l’industrie des produits amaigrissants a capitalisé là-dessus
, explique Laurence Sauvé-Lévesque, chargée de projet à l’ASPQ.
Un rapport (Nouvelle fenêtre) dévoilé récemment remet en question l’omniprésence de l’industrie de l’amaigrissement sur le web et les réseaux sociaux. L’ASPQ estime que les gouvernements provincial et fédéral devraient agir pour mieux encadrer les publicités servant à vendre des produits amaigrissants.
L’exemple d’Ariane Moffatt est un bon exemple de ce qu’on déplore. Cette publicité mériterait une plainte, mais c’est tellement difficile parce que les usurpateurs changent de nom de domaine constamment et les entreprises ne sont pas basées au Québec
, souligne Laurence Sauvé-Lévesque.
L’ASPQ veut encourager l’Office de la protection du consommateur à augmenter les outils pour que les internautes puissent déposer des plaintes.
L’association souhaite aussi que Santé Canada revoit le Règlement sur les produits de santé naturels pour forcer les entreprises à expliquer clairement le contenu des pilules qu’elles vendent, notamment.
Le culte de la minceur en chiffres
Un sondage Léger mené pour le compte de l’ASPQ en mars 2021 révèle que six Québécois sur dix ont fourni des efforts pour perdre ou maintenir leur poids dans la dernière année. De plus, la moitié de la population (52 %) est insatisfaite de son poids, soit 45 % des hommes et 59 % des femmes.
Près du quart de la population québécoise rapporte avoir été sollicité directement pour acheter un produit amaigrissant dans la dernière année.
Source : Association pour la santé publique du Québec
C’est choquant
L’équipe d’Ariane Moffatt a entrepris différents recours depuis l’arrivée de ces fausses publicités dans la vie de l’artiste.
J’ai une formation d’avocate, donc mon premier réflexe a été d’envoyer une mise en demeure à la compagnie. Bien entendu, je n’ai pas eu de réponse. Maintenant, on a un contact chez Facebook, on peut donc lui envoyer directement les fausses pubs quand on en voit
, décrit Stéphanie Moffatt.
« Ça arrive à d’autres personnes. Ils se servent de la notoriété des gens, c’est choquant. Ce sont des bandits! »
La gérante de l’autrice-compositrice-interprète espère surtout que les personnes qui voient ces publicités comprennent rapidement qu’il ne s’agit pas d’Ariane Moffatt.
Parfois, on va vite, et on peut se faire avoir. Mais si on lit comme il le faut, on se rend compte que ça ne peut pas émaner de sa plume
, fait valoir Stéphanie Moffatt.
Dénoncer les publicités
Le site de l’Office de la protection du consommateur (OPC) explique les moyens offerts (Nouvelle fenêtre) lorsqu’un client se procure un produit amaigrissant qui ne répond pas à sa promesse d’achat.
L’office explique, entre autres, comment faire une démarche de mise en demeure, si le client s’oriente vers ce recours.
Pour ce qui est de la publicité, l’OPC rappelle que la loi interdit aux entreprises de s’attribuer un statut ou une identité que l’on n’a pas en réalité
.
Il est possible de communiquer avec l’Office pour obtenir de l’information avant de dénoncer une publicité.
Nous avons aussi une campagne de sensibilisation
, précise de son côté Laurence Sauvé-Lévesque de l’Association pour la santé publique du Québec. Sur le site apparencestrompeuses.ca (Nouvelle fenêtre), l’ASPQ donne des conseils sur les informations à ajouter dans une dénonciation pour qu’elle ait encore plus d’impact.