
Fredericton va permettre le recours aux briseurs de grève dans le secteur public
Le premier ministre conservateur Blaine Higgs ouvre la porte aux briseurs de grève dans les services publics. En vertu d’un amendement à la Loi relative aux relations de travail dans les services publics, il sera possible pour le gouvernement d’embaucher des non-syndiqués pour travailler durant une grève.
Ainsi, les syndicats et l’employeur détermineront le nombre de travailleurs dits essentiels durant une grève. Si aucune entente n’est conclue entre les deux parties, la Commission du travail et de l’emploi du Nouveau-Brunswick tranchera. Par exemple, s’il était déterminé que le nombre de travailleurs dits essentiels est 25 %, et que l’employeur déterminait qu’il manque de travailleurs pour atteindre ce seuil, il aura alors le pouvoir d’embaucher des non-syndiqués pour occuper tous les postes essentiels.
Si l’employeur embauchait un nombre plus élevé de travailleurs non-syndiqués, et qu’au lieu de l’hypothétique 25 % il atteignait 35 %, le syndicat pourrait alors contester cette mesure en déposant une plainte à la Commission du travail et de l’emploi.
L’amendement proposé à la Loi relative aux relations de travail dans les services publics va mettre à jour des mesures de la loi et clarifier des règles d’engagement entre l’employeur et l’agence de négociation durant le processus de négociation. Ces amendements vont mieux assurer que les services publics continuent pour les Néo-Brunswickois durant un lock-out ou une grève
, a expliqué le ministre de l’Éducation postsecondaire, formation et travail, Trevor Holder.
Un resserrement des règles lié au déclenchement d’une grève
Le gouvernement conservateur veut aussi resserrer les règles liées au déclenchement d’une grève. Ainsi, les votes de grève ne seront valables que pour un an.
Aussi, avant de déclencher une grève, un syndicat devra donner un préavis de 72 heures. Par contre, la même règle ne s’applique pas à l’employeur. Avant de déclencher un lock out, le gouvernement n’aura à donner un préavis que de 24 heures.
La capacité de payer du gouvernement devient un critère
Le gouvernement Higgs va également imposer des critères au processus d’arbitrage. Si un arbitre est nommé il devra obligatoirement tenir compte de la capacité à payer du gouvernement, qui sera déterminée par le gouvernement lui-même.
Il devra aussi tenir compte des salaires semblables ailleurs au pays. Mais il n’aura pas à tenir compte des besoins réels des travailleurs, ainsi que de l’inflation.
Des mesures vivement critiquées
La possibilité d’embaucher des travailleurs non-syndiqués, plus communément appelés briseurs de grève, constitue un changement majeur dans les relations de travail au sein des services publics. Elle est vivement critiquée.
Le Syndicat canadien de la fonction publique s’inquiète des nouvelles mesures annoncées par le gouvernement Higgs.
Le rapport de force risque de changer dramatiquement s’ils permettent de faire rentrer plus de briseurs de grève. Auparavant, il y avait une sorte de compromis historique dans la fonction publique, c’est qu’il n’y a pas de briseurs de grève, en échange, on ne fait pas de piquetage devant les édifices publics. On l’a vu dans la dernière grève, on ne faisait pas de piquetage devant les hôpitaux, devant les écoles, et c’était en respect de ce compromis historique. Là il va briser ce compromis-là, et il va forcer des travailleurs de la fonction publique à venir faire le travail de d’autres unités de négo, imaginez le climat de travail empoisonné qui va sortir de ça, si jamais on doit aller en grève à nouveau
, dit Simon Ouellette, porte-parole du SCFP-NB.
Au lieu d’investir dans ses services publics qui s’effondrent et la classe ouvrière, qui jour après jour la tient en place, ce gouvernement veut faciliter l’utilisation des briseurs de grève. Ce gouvernement n’a aucun respect pour la classe ouvrière et ceux et celles qui créent la richesse de cette province. Nous avons besoin d’un gouvernement qui respecte et favorise les travailleuses de première ligne et non un gouvernement qui les méprise
, soutient Kevin Arseneau, député vert de Kent Nord.
Avec le dépôt du projet de loi, le gouvernement conservateur s’enligne pour une autre ronde de confrontation avec les syndicats et les employés du secteur public de la province, donc c’est clair que eux-autres même vont contre un peu l’essence du processus de négociation
, estime Keith Chiasson, député libéral de Tracadie-Sheila.