
Huit moments marquants de l’année sportive canadienne
Les Canadiennes réussissent leur objectif…
Changer la couleur de la médaille.
Un objectif simple, mais beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît, que l’entraîneuse-chef de l’équipe nationale de soccer féminin Bev Priestman a répété à ses joueuses ad nauseam en prévision des Jeux de Tokyo.
Après des médailles de bronze aux Jeux de Londres en 2012 et de Rio en 2016, la bande à Christine Sinclair aura réussi son pari.
En venant à bout des puissantes Américaines en demi-finale, puis de la Suède au dernier match, la gardienne Stephanie Labbé aura pris le relais de Sinclair dans le cœur des amateurs de soccer au pays.
Son brio dans les séances de tirs aux buts aura permis aux Canadiennes de se qualifier pour la finale, puis de remporter une médaille d’or historique, alors que plus de 5 millions d’amateurs au pays ont regardé en direct les prouesses de la gardienne albertaine face à la Suède en grande finale.
Ce moment a été le plus regardé au pays de tous les Jeux de Tokyo, et aura une fois pour toutes assuré la place du Canada au sommet de l’échiquier mondial du ballon rond. Pas pour rien que la formation de soccer féminin a été sacrée équipe de l’année au pays!
… et l’équipe masculine s’approche du sien
Leurs compatriotes masculins ne sont pas en reste non plus.
L’équipe masculine de soccer, menée par un certain Alphonso Davies, est en voie de se qualifier pour la Coupe du monde 2022, qui sera disputée en fin d’année au Qatar. Avec huit matchs disputés et seulement six autres à jouer, l’équipe canadienne occupe présentement la 1re position de son groupe de qualification, devant les États-Unis et le Mexique.
Si le Canada parvenait à se qualifier, ce serait une première participation depuis 1986 à un Mondial, et seulement une deuxième fois que l’unifolié parvient à se joindre aux festivités de plus grand rendez-vous de soccer sur la planète.
La campagne de qualification canadienne a pris son erre d’aller quand les amateurs ont fait connaissance avec l’erre d’aller, justement, d’Alphonso Davies.

Un but magistral d’Alphonso Davies
Photo : Getty Images / Vaughn Ridley
Avec ce but d’anthologie, marqué à Toronto face au Panama, Davies a créé un moment magique pour les amateurs, et libérateur pour les joueurs.
Tellement libérateur que quelques semaines plus tard, le Canada l’emportait face au dangereux Mexique lors d’un match disputé à Edmonton, dans des conditions hivernales comme il s’en fait bien peu à Cancun.
Ce match, dans lequel les Canadiens ont fait preuve de beaucoup de sang froid, aura cristallisé l’identité de l’équipe de John Herdman – ou était-ce le résultat de la célébration du latéral Sam Adekugbe?
Leylah Fernandez séduit le public new yorkais
La Lavalloise de 19 ans Leylah Fernandez aura laissé toute une impression en 2021.
D’abord, elle a atteint le 2e tour à Tokyo – pas une mince exploit, surtout lorsqu’on se rappelle que Félix Auger-Aliassime s’est incliné d’entrée de jeu lors des Jeux.
Six semaines plus tard, Fernandez confirmait tout son talent avec une épopée à faire rêver lors des Internationaux des États-Unis.
En triomphant coup sur coup de quatre des cinq premières têtes de série du tournoi – Aryna Sabalenko, Angelique Kerber, Elina Svitolina et Naomi Osaka – , Leylah Fernandez s’est retrouvée en finale de son premier tournoi de Grand Chelem, s’inclinant ultimement face à l’Anglaise Emma Raducanu, 6-4 et 6-3.
Mais plus encore que sa performance, c’est la grande classe qu’elle aura démontré lors de son discours de remerciements au public new yorkais qui aura attiré les regards vers elle, alors que la finale a été disputée le 11 septembre, 20 ans jour pour jour après les attentats de 2011.
Fernandez a mentionné au micro souhaiter faire preuve d’autant de force et de résilience que la ville de New York l’a fait ces vingt dernières années
, un message rempli d’humilité et de maturité qui aura cimenté son statut de vedette montante du circuit de la WTA.
Arrivée à Flushing Meadows classée 73e au monde, Fernandez termine l’année au 24e rang du classement WTA, et avec un titre d’athlète féminine de l’année au Canada.

Leylah Annie Fernandez et Félix Auger-Aliassime toujours sur un nuage
Guillaume Boivin au bout de Paris-Roubaix
On dit souvent qu’une image vaut mille mots, et l’adage devient d’autant plus vrai quand on regarde cette photo.
Le Québécois Guillaume Boivin a frisé l’exploit à la Classique Paris-Roubaix, disputée dans des conditions dantesques cette année.
À moins de 20 kilomètres de l’arrivée, dans un des nombreux secteurs de pavés détrempés, le cycliste canadien a glissé et a chuté alors qu’il était placé aux avant-postes de la course, dans un groupe de quatre coureurs qui se sont disputé, sans lui, la victoire.
Boivin est vite remonté sur son vélo, mais l’écart était trop important et il a conclu l’épreuve en 9e place, le meilleur résultat canadien depuis Steve Bauer, 4e en 1991 et 2e par une infime marge en 1990.
Je ne peux pas faire autrement que de penser à ce qui aurait pu arriver si je n’étais pas tombé à la fin
, a lancé Boivin après la course, avant de se rendre à l’hôpital pour faire examiner son poignet gauche.
Cette course est un exemple parfait de résilience et de don total de soi pour son sport, et un des moments forts d’une saison de rêve pour le cycliste québécois de 32 ans, qui aura également laissé sa marque au Tour de France et aux Jeux de Tokyo en 2021.
Damian Warner et Andre De Grasse, les rois du stade
Aux Jeux olympiques de Tokyo, deux Canadiens ont raflé de prestigieuses médailles d’or.
D’abord Damian Warner est devenu champion du décathlon. L’Ontarien de 31 ans a établi un record olympique et une marque nationale, en plus de devenir seulement le quatrième homme dans l’histoire à surpasser la mythique barrière des 9000 points lors de la compétition.
Sa performance lui aura valu le trophée Lou-Marsh, remis à l’athlète masculin de l’année au pays, et plus de lui permettre d’avoir l’honneur d’être le porte-drapeau de la délégation canadienne lors de la cérémonie de clôture des Jeux de Tokyo.
Un autre nom était aussi en considération pour le rôle de porte-drapeau: Andre De Grasse.
Le sprinteur est devenu le premier Canadien a remporté l’or au sprint 200 m depuis Percy Williams en 1928. Une disette de 93 ans effacée en 19,62 secondes!
De Grasse a terminé les Jeux de Tokyo avec 3 médailles au cou, récoltant aussi le bronze au 100 m et au relais 4 x 100 m, portant ainsi son total à 6 médailles en deux participations olympiques.
Ce faisant, le sprinteur de 27 ans a confirmé qu’il sait livrer la marchandise : De Grasse n’est jamais reparti bredouille lorsqu’il participe à une finale, remportant une médaille à chaque occasion, aux Jeux olympiques comme aux Championnats du monde.
Maude Charron soulève les passions
Maude Charron a remporté la palme en haltérophilie dans la catégorie des moins de 64 kg à son baptême du feu aux Jeux de Tokyo. La Québécoise a soulevé une charge de 236 kg au total, après une année à s’entraîner… seule dans un garage!

Maude Charron est sacrée championne olympique
Photo : Getty Images / Chris Graythen
Ma préparation a été parfaite. C’est sûr qu’il y a eu une pandémie, j’ai dû m’entraîner seule dans un garage. Mais on s’est arrangés et on a été innovateurs dans notre façon de s’entraîner. Alors, je suis vraiment très fière
, avait déclaré Maude Charron après sa victoire olympique.
L’haltérophile était loin d’être la seule à être vraiment très fière : sa victoire a fait vibrer le Bas-Saint-Laurent!

Charron est devenue la deuxième haltérophile féminine du pays à gagner l’or olympique après Christine Girard aux Jeux de Londres en 2012. Depuis sa victoire, elle se consacre à une nouvelle passion : celle de devenir policière.
Aurélie Rivard fracasse les records
Une médaille c’est bien, et deux c’est mieux. Mais cinq lors des mêmes Jeux? C’est l’exploit accompli en 2021 par la nageuse paralympique de 25 ans Aurélie Rivard, originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu.
La nageuse a d’abord conservé son titre de championne paralympique du 100 m libre S10, établissant un nouveau record mondial pour l’occasion.
Trois jours plus tard, Rivard s’emparait d’une deuxième médaille d’or à Tokyo, en plus d’abaisser le record du monde par plus de cinq secondes lors du 400 m libre S10.
Additionnée à ses deux médailles de bronze et sa médaille d’argent à Tokyo, Aurélie Rivard a porté à 10 son nombre de médailles paralympiques, dont la moitié sont dorées.
Ces cinq médailles remportées à Tokyo auront été un baume sur l’âme pour la nageuse québécoise, qui a admis avoir vécu une dernière année particulièrement difficile, dans sa carrière sportive que dans sa vie personnelle. À la limite, je me demandais si ça valait la peine de venir ici
, avait lancé Rivard en entrevue à sa sortie de la piscine.
« Pour une rare fois, je suis vraiment fière de moi. »
Avec pareils résultats, Aurélie Rivard est loin d’être la seule à éprouver de la fierté pour ses performances fracassantes cette année.
Une Saint-Jean-Baptiste signée Lehkonen et Danault
Où étiez-vous le soir du 24 juin 2021?
Si vous avez répondu devant le téléviseur
, vous faites probablement partie de la majorité des amateurs de hockey.
Le 24 juin, le Finlandais Artturi Lehkonen faisait exploser de joie le cœur des Québécois avec un but inscrit à la suite d’une passe lumineuse de Phillip Danault.
Phillip Danault et le Canadien font vibrer Victoriaville
Photo : Radio-Canada
Avec ce filet, inscrit en prolongation, le Canadien éliminait les Golden Knights de Vegas afin d’atteindre la finale de la Coupe Stanley pour la première fois en 28 ans. Après le match, Danault, pointe de pizza à la main, souhaitait une bonne Saint-Jean à tout le monde
, dans un moment de célébration qui incarne bien comment le sport dépasse parfois la patinoire.
Si le centre québécois a finalement quitté l’hiver montréalais pour le soleil californien à titre de joueur autonome, ses performances en séries éliminatoires (et son appétit contagieux) resteront gravé dans la mémoire des amateurs du Tricolore – y compris ceux du premier ministre François Legault!