
L’ancienne gouverneure générale Julie Payette va conserver l’Ordre du Canada
Un conseil consultatif a examiné une demande visant à lui retirer l’Ordre du Canada. Cette demande avait été déposée à la suite de sa démission du poste de gouverneure générale en janvier 2021, en raison d’allégations de mauvais traitements envers le personnel de Rideau Hall.
Le conseil de 11 personnes, présidé par le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, a débattu de la pertinence, ou non, de retirer l’Ordre du Canada à Mme Payette en raison de ses actions présumées – et si celles-ci ont détourné les motifs initiaux de sa nomination et on porté atteinte à l’intégrité de l’Ordre.
Le Conseil consultatif de l’Ordre du Canada a conclu qu’il n’y a pas de motifs suffisants pour aller plus loin à ce moment-ci
, a écrit le secrétaire général de l’Ordre du Canada, Ian McCowan, dans une lettre adressée au plaignant obtenue par CBC News.
Rideau Hall a confirmé les conclusions de l’organisme consultatif indépendant à CBC News, mais a déclaré qu’il ne pouvait pas faire d’autres commentaires. Le bureau ne fait pas de commentaires sur des cas spécifiques, a déclaré un porte-parole.
Réponse extrêmement décourageante
, selon le plaignant
Le plaignant, Giovanni Cormano, avait contacté Rideau Hall en février 2021, peu après que Mme Payette eut quitté ses fonctions. Il affirmait que la façon dont Mme Payette avait traité le personnel de Rideau Hall et celui de deux de ses anciens lieux de travail – le Centre des sciences de Montréal et le Comité olympique canadien – avait miné la crédibilité de l’Ordre du Canada.
M. Cormano a indiqué que la réponse qu’il a reçue lundi de Rideau Hall au sujet de sa demande était extrêmement décourageante
.
« C’est décevant à bien des égards. Je suppose que le comportement non professionnel dont Julie Payette a fait preuve au plus haut niveau du gouvernement de ce pays est acceptable au Canada. »
Je respecte les réalisations et les contributions de Julie Payette à notre pays, mais en ce qui me concerne, elle n’a pas le droit de partager cet honneur avec d’innombrables autres membres de l’Ordre du Canada
, a mentionné M. Cormano.
Mme Payette honorée comme astronaute
L’Ordre du Canada est un don de la Couronne, et peut être révoqué si une personne est reconnue coupable d’une infraction criminelle, ou si elle adopte une conduite qui constitue un écart important par rapport aux normes généralement reconnues de comportement public, qui est perçu comme minant la crédibilité, l’intégrité ou la pertinence de l’Ordre, ou qui porte atteinte aux motifs originaux sur lesquels la nomination était fondée
, selon le règlement.
Tout Canadien peut déposer une demande de radiation de l’Ordre du Canada. Le cas de Mme Payette a atteint la troisième étape du processus, selon la demande de M. Cormano. La quatrième et dernière étape consiste à mettre fin à la nomination.
Mme Payette a été nommée officière de l’Ordre du Canada en 2010, pour avoir été une source d’inspiration et une remarquable ambassadrice internationale du génie canadien
, selon Rideau Hall. En tant qu’astronaute, Mme Payette a passé plus de 611 heures dans l’espace, et a été la première Canadienne à monter à bord de la Station spatiale internationale (SSI).
La reine a promu Mme Payette au grade de compagnon de l’Ordre du Canada en 2017, pour souligner sa nomination au poste de gouverneure générale. C’est aussi la reine qui a libéré Mme Payette de son rôle vice-royal, en réponse à une demande du premier ministre Justin Trudeau.
Climat toxique et empoisonné à Rideau Hall
Le départ de Mme Payette est survenu après qu’un examen externe eut révélé qu’elle avait présidé à un milieu de travail toxique
et empoisonné
, qui a poussé de nombreux employés à démissionner ou à prendre un congé maladie. Le Conseil privé a ordonné cet examen à la suite d’un reportage de CBC News sur des allégations selon lesquelles Mme Payette avait rabaissé, réprimandé et humilié publiquement des employés.
Mme Payette s’est par la suite excusée pour les tensions survenues à Rideau Hall, et a écrit dans sa lettre de démission qu’elle prenait ces allégations très au sérieux.
L’examen indépendant a permis d’interroger 92 employés, actuels et anciens, et d’autres personnes bien informées. Seuls dix d’entre eux ont mentionné avoir des sentiments positifs ou neutres concernant l’environnement de travail.
Certains experts constitutionnels ont fait valoir que la révocation de l’Ordre du Canada de Mme Payette serait exagérée, car elle a déjà payé un prix élevé en acceptant de démissionner.
CBC News a contacté Mme Payette pour obtenir des commentaires, mais n’a pas encore reçu de réponse.
D’après un texte de Ashley Burke de CBC News