Le débat sur la vaccination des camionneurs prend une tournure politique | Coronavirus
En début de semaine, le député ontarien indépendant Randy Hillier a dénoncé les règles vaccinales pour les camionneurs traversant la frontière, affirmant au passage que le ministre des transports du Canada, Omar Alghabra, était un terroriste qui condamnait les Canadiens à la famine au nom de la santé publique
.
Des propos condamnés par le principal intéressé. On peut être en désaccord avec cette règle et en débattre, mais propager la peur et la panique chez les Canadiens pour des raisons politiques et en utilisant des arguments inexacts est irresponsable
, a rétorqué M. Alghabra mercredi.
S’il convient qu’il existe actuellement des ruptures de stocks dans les magasins, le ministre des Transports a expliqué que les raisons étaient multiples.
M. Alghabra a d’abord souligné que beaucoup de pays dans le monde faisaient face à ce problème. Il a ajouté que parmi les explications plus locales, on retrouvait notamment les restrictions de santé publique, l’absentéisme, des façons de consommer qui avaient évolué durant la pandémie, avec l’inaccessibilité de certains services, en plus d’événements climatiques comme les inondations en Colombie-Britannique, qui ont ralenti les activités portuaires.
Un avis partagé par deux experts, qui constatent que si, en effet, certains produits n’arrivent pas à temps ou en quantités suffisantes, ce problème est temporaire et non généralisé.
Une rencontre sur la question des approvisionnements est néanmoins à l’agenda du ministre Alghabra lundi prochain.
« On reconnaît le travail important des camionneurs durant la pandémie, mais on considère que c’est le bon moment pour tenter de convaincre les quelque 10 % de camionneurs non vaccinés qui ont eu plusieurs semaines pour se préparer. »
Ce dernier a ajouté que la mesure canadienne était coordonnée avec son équivalente américaine.
Les premiers ministres conservateurs de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba se sont prononcés en faveur de l’annulation de la mesure qui touche environ 16 000 camionneurs au Canada. Alors que le Convoi de la liberté
, parti de Colombie-Britannique dimanche, pourrait atteindre les portes d’Ottawa dès jeudi, les autorités se préparent.
Campagne de sociofinancement suivie
Dans les autres juridictions [canadiennes], la manifestation centrale impliquant les véhicules a été pacifique, bien coordonnée et de nature coopérative. C’est différent ici, car il s’agit du point d’arrivée de toutes les différentes manifestations et il y aura donc de nombreux autres acteurs impliqués
, a déclaré le chef du Service de police d’Ottawa, Peter Sloly.
Pendant ce temps, la campagne de sociofinancement lancée pour payer les dépenses des camionneurs participant au convoi a dépassé les 71 000 donateurs et totalise désormais 5,55 millions de dollars.
L’instigatrice de cette campagne, Tamara Lich, qui est également secrétaire du nouveau parti séparatiste de l’Ouest canadien Maverick, avertit que les actes de violence ou de vandalisme ne seront pas tolérés durant la manifestation de samedi. Elle a ajouté que tous ceux participant au convoi doivent s’inscrire auprès de leurs capitaines de route et que quiconque ne se comporte pas de manière ordonnée sera immédiatement expulsé.
Soulignons que les associations provinciales et nationale de camionneurs ne soutiennent généralement pas l’initiative.