
Le deux tiers des non-vaccinés seraient complotistes, selon une étude | Coronavirus
Des experts en science de la communication, en science politique ainsi qu’en santé publique se sont associés pour préparer un questionnaire afin de mieux comprendre les motivations des non-vaccinés. L’équipe de recherche de l’Université de Sherbrooke a ainsi sondé 10 000 Québécois depuis le début de la pandémie sur cette question.
« Ce sont des gens qui vont penser qu’il est grand temps qu’on se réveille et qu’on commence à poser des questions sur la soi-disant pandémie, qui croient que la vérité est cachée au public. Mais je pense qu’il y a une échelle là-dedans. »
La Dre Généreux affirme qu’elle a voulu dresser le portrait des non-vaccinés afin de mieux comprendre leurs motivations. J’avais l’hypothèse en tête qu’il y a plus d’un profil, que tous les non-vaccinés ne sont pas nécessairement complotistes et qu’une solution unique ne marchera pas pour convaincre l’ensemble des non-vaccinés
, explique-t-elle.
Les résultats de cette étude démontrent ainsi qu’une bonne partie des non-vaccinés adhère à certaines visions complotistes, sans pour autant l’être.
Miser sur le tiers des non-vaccinés
Selon la docteure, les résultats indiquent l’intérêt de se concentrer sur le tiers des personnes qui n’adhère pas à cette vision pour tenter de les convaincre d’obtenir leur première dose.
Ce tiers-là se distingue par le fait qu’ils sont moins de droite dans leur idéologie politique. Ils perçoivent davantage la menace liée à la COVID, ils sont davantage enclins à adhérer aux mesures sanitaires. Ils ont une méfiance envers les autorités, mais pas au même niveau que les complotistes
, explique la Dre Généreux.
Elle ajoute que ces personnes ont également plus tendance à s’informer dans les médias traditionnels et moins sur les réseaux sociaux.
« Il y a des pistes vraiment intéressantes axées sur le dialogue et l’ouverture envers ces gens-là qui ont besoin d’un accompagnement plus intense pour prendre les bonnes décisions. »
Elle estime que la mise en place de brigades bienveillantes qui sillonnent les quartiers pourrait être une bonne solution pour aller à la rencontre de ces gens et les informer. Une pratique qui est déjà en cours à Sherbrooke, mais qui pourrait aussi être implantée ailleurs.
Éviter la division
Le discours qui divise dérange la Dre Mélissa Généreux. Parler des 10 % opposés au 90 %, dans ce discours-là je pense qu’il y a un risque de créer deux clans, donc de diviser la population. À mon sens, c’est vraiment pas la voie à prendre
, estime-t-elle.
Selon l’étude, les non-vaccinés sont d’ailleurs nombreux à ressentir une stigmatisation de la part des autorités, d’où l’importance de changer le discours, croit-t-elle.
La docteure ajoute que son expérience liée à la tragédie de Lac-Mégantic, aux feux de forêt de Fort McMurray et à d’autres tragédies lui confirme l’importance de miser sur le dialogue.
« Il y a un risque qu’on devienne corrosif comme société si on alimente des discours qui divisent comme ça. On doit miser sur ce qui est rassembleur. On a une lutte commune et on veut tous la fin du virus et des mesures sanitaires. »
Selon elle, il est important de respecter le fait que les citoyens n’en sont pas tous au même point dans leur cheminement par rapport au vaccin. Chacun doit y aller à son rythme, je crois qu’on va créer beaucoup plus de liens forts pour la suite avec cette approche-là.