
Le plan d’action contre les mauvaises odeurs produites par Sanimax se fait attendre
On entend parler de rien. C’est difficile d’être positif. On sait juste une chose, c’est que des carcasses, il va encore y en avoir l’été prochain
, déplore le Lévisien Claude Thibault.
Dans une lettre acheminée à la Ville de Lévis en novembre dernier, le ministre Benoît Charrette avait pourtant indiqué que le comité de travail coordonné conjointement par le ministère de l’Environnement (MELCC) et le ministère de l’Agriculture (MAPAQ) plancherait sur un plan d’action avant la fin de 2021.
Le cabinet du ministre répond aujourd’hui que le plan d’action produit conjointement par le MELCC et le MAPAQ est en cours de finalisation. Les actions retenues seront précisées avec les parties directement concernées au cours des prochaines semaines.
Le temps presse
En réponse à la lettre du ministre en novembre, le maire de Lévis Gilles Lehouillier avait mentionné s’attendre à ce que la situation soit réglée définitivement avant l’été.
Mais considérant que le plan se fait toujours attendre, Claude Thibault se résout à subir les odeurs nauséabondes des activités de l’usine de récupération de viande un été de plus.
La seule solution qui est viable c’est que les camions qui arrivent là déversent dans une fosse complètement réfrigérée et qu’un chargeur amène ça à l’usine pour le traitement. On comprend que mettre en place cette solution, ce n’est pas une affaire de 2 à 3 jours. C’est une affaire de plus de 6 à 7 mois
, est d’avis M. Thibault.
« Tu as beau avoir un plan sur papier, reste que ça ne règle pas le problème. Ça me surprendrait bien gros que le problème soit réglé. »
Action collective
Pendant ce temps, une demande d’autorisation d’action collective a été déposée devant la Cour supérieure du Québec, le 4 janvier, par deux citoyens de Montréal. Celle-ci concerne toutes les personnes qui résident à moins de 3,3 km de l’une des usines de Sanimax, situées à Lévis, Saint-Hyacinthe et Rivière-des-Prairies.
Si la demande est autorisée, ce serait plus de 135 000 personnes incommodées par les odeurs qui pourraient bénéficier d’un dédommagement de 500 $ par mois et de 1300 $ en dommages moraux et punitifs. L’action collective pourrait s’élever à plus de 100 millions de dollars pour l’entreprise.
Même s’il espère que le tribunal acceptera cette requête, Claude Thibault ne croit pas que celle-ci est équivalente aux inconvénients qu’il subit depuis plusieurs années.
Il n’y a pas vraiment de prix. Cinq cents dollars par mois, je dirais plus 500 $ par semaine, et six mois par an. Ça aurait déjà plus de bon sens
, analyse l’homme.
« La vie est vite passée. Moi j’arrive déjà à 67 ans. Ça fait 10 à 15 ans que je me fais empoisonner mes étés. Je ne sais pas si le propriétaire de l’usine aurait enduré ça aussi longtemps que nous autres. »
Pression politique
Le cabinet du maire de Lévis assure que la Ville va continuer d’appuyer les citoyens auprès des ministères concernés.
Claude Thibault y voit là un changement de ton alors que la Ville avait multiplié les sorties publiques pour dénoncer les odeurs inacceptables
qui émanent de Sanimax, l’été dernier.
Le constat que j’en fais, c’est que le maire Lehouillier sentait la soupe chaude pendant les élections. Mais une fois élu, on n’entend plus parler de rien de ça part
, commente-t-il.
Le conseiller de l’opposition, Serge Bonin, demande aussi à la Ville d’être plus proactive.
C’est une question de dialogue et de pression. Il faut que ça vienne avant l’été. À quel point la Ville avance-t-elle dans ses négociations? On ne le sait pas. Je vais exiger la transparence évidemment pour que la ville puisse donner les tenants et aboutissants aux citoyens pour savoir où on en est, comment ça avance et si ça n’avance pas, pourquoi
, affirme M. Bonin.
La Ville de Lévis a aussi indiqué qu’elle comptait réviser sa réglementation entourant les odeurs pour se donner plus de pouvoir d’intervention dans ce genre de dossier.
Collaboration
Sanimax assure qu’elle collabore avec le gouvernement dans la mise en place du plan d’action.
L’entreprise rappelle avoir déjà mis en place plusieurs actions importantes au cours des dernières années afin de réduire les odeurs, comme l’ajout de biofiltres servant à la désodorisation des émissions atmosphériques industrielles et l’installation d’un système de brumisation sur l’usine et les remorques.
Si l’usine qualifie l’été 2021 d’exceptionnel en raison de la surabondance de matière première causée par la grève chez Olymel et les épisodes de chaleur accablante, le conseiller Serge Bonin est d’avis que la situation reste déplorable.
Il faut arrêter les excuses pour trouver des solutions. Il faut que ça fonctionne
, plaide-t-il.