
Le premier film de Miryam Charles sélectionné à la Berlinale
L’histoire de ce film est très personnelle pour Miryam Charles. Elle se base sur un drame vécu dans sa famille, soit l’assassinat de sa cousine âgée de 14 ans, en 2008 à Bridgeport aux États-Unis. On peut qualifier [Cette maison] d’essai documentaire, car il mélange le documentaire et la fiction, dans la mesure où on parle d’une histoire réelle
, précise la réalisatrice.
« Je suis partie de cet événement qui a beaucoup marqué ma famille pour créer une lettre d’amour autant à ma cousine qu’à sa mère. J’essaye de lui rendre hommage avec le film. »
Toutefois, ce sont des actrices et des acteurs qui jouent les moments importants de la vie de sa cousine. Des moments réels et imaginés, car je l’imagine adulte, jeune femme qui vit des expériences et qui questionne ce qui lui est arrivé
, explique la réalisatrice.
Schelby Jean-Baptiste, Florence Blain Mbaye, Ève Duranceau, Nadine Jean, Tracy Marcelin, Mireille Métellus et Matthew Rankin font partie de la distribution de Cette maison.
Un film hommage et lumineux
Si la prémisse de départ est horrible avec le meurtre, d’abord déguisé en suicide, de la jeune adolescente, Miryam Charles précise que l’histoire du film est plus lumineuse. Je me concentre sur la personne qu’elle était, joyeuse, curieuse, pour en tirer le positif autour de sa vie, et non sur sa mort.
Ce film ne permettra pas à la réalisatrice et sa famille de guérir une blessure. On ne peut pas effacer ce qui est arrivé, mais je pense qu’on peut avancer à travers ça, sans guérir totalement.
« Une fois que le film était terminé, j’ai réalisé que la tristesse était toujours là, mais elle est probablement différente de ce que j’éprouvais il y a 10 ans, plus lié à de la colère. »
Le tournage s’est déroulé sur les lieux du drame à Bridgeport, mais aussi dans plusieurs autres lieux des Caraïbes et à Laval. Pour des raisons d’assurances et de pandémie, c’était compliqué, donc on n’a pas pu aller en Haïti.
Une partie du film se passe à Laval en 1995, alors que la famille de Myriam Charles se demande si elle va aller vivre aux États-Unis si le oui l’emporte au référendum sur la souveraineté du Québec. Je me demande si on était partis vivre avec eux, peut-être que [le drame] ne serait pas arrivé. Je fais autant un voyage dans la vie de ma cousine que dans la mienne.
Voir son film être sélectionné dans un festival du calibre de la Berlinale est inespéré pour Miryam Charles, car elle ne pensait pas avoir le courage de terminer le long métrage. J’avais peur d’abandonner en cours de route. Juste le fait d’avoir un film dont je suis fière et dont ma famille va être fière, c’est une grande histoire. Le fait qu’il soit présenté à Berlin est incroyable.
Ce texte a été écrit à partir de l’entrevue réalisée par Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l’émission Le 15-18. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté et de concision.