Les CHSLD étaient habitués à gérer des éclosions, se défend Marguerite Blais | Coronavirus
Mais, selon ce qui ressort de son témoignage devant la coroner Géhane Kamel, vendredi, elle s’en est plus ou moins inquiétée, convaincue que les CHSLD étaient habitués
à gérer des éclosions. À plusieurs reprises devant la coroner, Mme Blais a plaidé que les CHSLD avaient une culture de prévention et de contrôle des infections.
Madame la Coroner, les CHSLD sont reconnus pour gérer des éclosions. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des éclosions dans les CHSLD, et ce ne sera pas la dernière.
Elle s’est replacée dans le contexte de l’époque. Moi, je suis convaincue qu’on s’en occupe. […] Pour moi, les CHSLD savent comment gérer des éclosions
, a-t-elle déclaré.
Les PDG des CISSS et des CIUSSS avaient par ailleurs la responsabilité de s’approvisionner en équipement de protection individuelle, selon elle.
De toute façon, a-t-elle dit, personne ne croyait que ça allait toucher les milieux de vie comme ça; […] on croit que ça va toucher les hôpitaux
.
C’est ça la réalité
, a ajouté Mme Blais, en soulignant qu’en date du 22 mars 2020, seulement deux CHSLD recensaient des cas positifs de COVID-19.
Pourtant, trois témoins – l’ex-ministre de la Santé Danielle McCann, son ancien sous-ministre et l’ex-directeur national de santé publique Horacio Arruda – ont déclaré qu’ils connaissaient les risques dès janvier.
Vous comprenez mon étonnement, a réagi la coroner Kamel. Il y a des témoignages qui sont venus dire totalement l’inverse de ce que vous dites ce matin.
Blais change sa version des faits
La ministre Blais a-t-elle été impliquée formellement dans les discussions? a voulu savoir la coroner. Sa voix a-t-elle été entendue ou, comme elle l’a déclaré en septembre 2020 à une journaliste, on ne l’écoutait pas?
Tout le monde sait que quand c’est le temps de parler, je parle, a répondu Marguerite Blais. Si je n’avais pas été entendue du premier ministre, on n’aurait jamais eu autant d’investissements pour améliorer les soins aux aînés.
Alors, comment expliquer ses déclarations passées?
Je n’avais pas le recul nécessaire, a-t-elle soutenu. J’étais dans des émotions extrêmes. […] Cette entrevue-là ne reflète pas l’objectivité que j’ai aujourd’hui.
Lors de cet échange, Me Kamel a indiqué qu’elle comprenait que la ministre devait faire preuve de loyauté
envers son parti politique.
En deuil
Avant de commencer son témoignage, Mme Blais avait tenu à faire une déclaration. Elle a exprimé ses plus profondes condoléances aux familles des aînés décédés en CHSLD.
Les gens sont en deuil; je le suis aussi
, a-t-elle dit.
Elle a affirmé que la mort de milliers d’aînés en CHSLD en 2020 ne l’avait pas laissée indifférente
et qu’elle considérait que l’enquête de la coroner était fondamentale
pour améliorer les soins aux aînés.
La ministre de 71 ans a reconnu qu’elle avait été aux premières loges de la crise, et qu’elle devait aux familles de prendre ses responsabilités
et de venir témoigner à l’enquête.
Mme Blais a expliqué qu’elle n’avait pu venir témoigner en novembre en raison de son épuisement professionnel. J’étais trop émotive
, a-t-elle confié.
Son témoignage se poursuit vendredi. L’avocat qui représente six familles d’aînés décédés en CHSLD au printemps 2020 aura également l’occasion de l’interroger.