
Les enfants et le personnel exposés au virus pourront rester dans les garderies | Coronavirus
Il s’agit d’un changement majeur dans le réseau de services de garde. Jusqu’à maintenant, ceux qui ont été en contact étroit avec une personne déclarée positive [à moins de deux mètres et durant plus de 15 minutes], y compris les éducatrices, devaient s’isoler durant 10 jours.
La nouvelle consigne, qui n’a pas été communiquée à la population lors du point de presse du gouvernement, jeudi soir, a été envoyée aux services de garde quelques heures plus tôt par le ministère de la Famille. Et elle est loin de rassurer le personnel sur le terrain.
Le ministère ajoute à la confusion
, se désole Guy Arseneault, directeur du CPE Alexis Le Trotteur à Montréal. Ce dernier dénonce des contradictions
dans le message gouvernemental.
« Notre mandat, c’est d’assurer la santé des enfants que nous recevons. Et nous avons la même responsabilité pour notre personnel. »
Je suis sans mot
, réagit Stéphanie, une éducatrice, sur Facebook, après avoir pris connaissance de la nouvelle directive. D’un côté, on me confine chez moi […] et de l’autre je vais côtoyer des enfants qui ne portent pas de masque et qui ont côtoyé un autre enfant ayant la COVID.
Pas de test de dépistage pour les contacts asymptomatiques
Cette nouvelle directive pour la gestion des cas et des éclosions
figure dans le plus récent bulletin d’information transmis par le gouvernement Legault aux prestataires de services de garde éducatifs à l’enfance et que Radio-Canada a obtenu.
On peut y lire que désormais, si un enfant dans un groupe obtient un résultat positif ou s’il y a plusieurs cas diagnostiqués dans le service de garde, les enfants ou membres du personnel qui sont des contacts asymptomatiques n’ont pas besoin de tests de dépistage et peuvent fréquenter le milieu
.
Là encore, la règle évolue considérablement. Il était demandé aux parents, jusqu’à maintenant, de tester un enfant en contact à deux reprises durant sa période d’isolement, même s’il n’avait pas de symptômes.
Si le contact avec le virus s’est fait à domicile, il faudra en revanche s’isoler. Il s’agit des recommandations pour l’ensemble des services de garde du Québec
, confirme la porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, Marie-Hélène Émond.
« Le port du masque n’est pas requis pour les enfants qui ont été en contact avec un cas. »
Lors d’une rencontre tenue mercredi par la santé publique de la Montérégie avec les directions de garderies, la nouvelle consigne a reçu un accueil plutôt froid, selon les sources de Radio-Canada, certains n’hésitant pas à interpeller les autorités sanitaires devant toute l’assistance pour qualifier la directive de ridicule
.
« Les mesures qu’on vous présente aujourd’hui, c’est pour éviter que tout le monde soit isolé tout le temps. »
Pas de retour au travail pour les éducatrices positives
Contrairement aux travailleurs de la santé, les éducatrices des CPE et garderies ne sont pas visées, précise le ministère de la Famille, par les récentes directives mises en place par le gouvernement. Celles-ci autorisent les gestionnaires à rappeler au travail des employés jugés essentiels, même s’ils ont eu un diagnostic positif à la COVID-19.
Un manque d’accès aux tests rapides déploré
Dans les services de garde, contrairement au personnel éducatif, les enfants, âgés de 0 à 5 ans, ne portent pas de protection.
Le gouvernement semble oublier que les enfants passent la journée très près les uns des autres, sans masque
, a réagit sur Facebook, Véronique Allaire, une éducatrice.
« Lorsqu’ils toussent ou éternuent, c’est souvent dans le visage d’un ami, il y a parfois des échange de salive, surtout dans un groupe de 2 ans et moins qui sont encore dans la phase de découverte avec la bouche et lorsque le nez coule, le premier réflexe des petits est de mettre la mains dans les sécrétions et de l’étendre sur leur visage, sur un jouet ou sur notre chandail. »
Bon bien, vous allez tous l’avoir [la COVID-19] en janvier
, ironisent les responsables du service de garde en milieu familial Chez Manon et Marie-Eve Beaudry, sur leur page Facebook. Aura-t-on d’autres tests rapides à distribuer? Parce que nos cocos en auront vite besoin de plus de cinq.
Selon nos informations, la santé publique de la Montérégie a fait savoir aux services de garde qu’il manque de tests rapides, même dans les milieux de vie pour aînés, et elle n’a pas été en mesure de dire si des masques à taille d’enfants seront fournis.
D’autres CPE déplorent également un manque d’accès à ces tests, destinés en priorité aux parents.
« On nous a dit de ne pas donner de test rapide au personnel parce qu’il serait inefficace sur les doubles vaccinés, mais que les parents, eux, pouvaient les utiliser », regrette Guy Arseneault, qui multiplie les démarches pour obtenir de nouveaux stocks. En vain, pour l’instant.
Le personnel, clame-t-il, doit faire partie de l’équation de prévention
.
Une nouvelle façon de signaler les éclosions
La santé publique de la Montérégie a expliqué aux garderies qu’elles devront lui envoyer un signalement seulement après un minimum de six cas, durant une période de 14 jours.
Nos équipes ne sont plus capables d’intervenir dans chaque milieu où il y a deux cas
, ont expliqué les autorités sanitaires locales.
Autre consigne, cette fois dans Lanaudière. Un document produit par le CISSS avec la marche à suivre indique qu’à partir du moment où près de 50 % des contacts de votre premier cas sont déclarés positifs, soit par test rapide ou en centre de dépistage, nous vous recommandons de communiquer par courriel avec notre équipe
.
La directive québécoise précise aux directions de garderies et CPE : Il est possible que la santé publique communique avec vous s’il est nécessaire de fermer un groupe ou un service de garde
.
Depuis le 20 décembre, les éducatrices sont prioritaires pour recevoir la troisième dose du vaccin.
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) a demandé la semaine dernière que les travailleuses de garderies et CPE aient accès à des masques N95.