
L’imposition du passeport vaccinal dénoncée par des commerces de grande surface
IKEA, Wal-Mart, Costco, Canadian Tire, La Baie : les non-vaccinés ou les personnes qui n’ont pas leur passeport vaccinal en leur possession ne peuvent plus entrer chez ces géants pour faire leurs emplettes depuis lundi matin.
La mesure controversée touche en fait tous les magasins dont la superficie est supérieure à 1500 mètres carrés, à l’exception des épiceries et pharmacies considérées comme services essentiels.
Même si elles vont tout de même le respecter, les quincailleries Canac désapprouvent le décret publié dimanche soir.
Plusieurs raisons qui font qu’on est déçu
, a expliqué Patrick Delisle, directeur marketing de Canac sur les ondes de RDI lundi matin. Premièrement, on aurait aimé être traité comme un service essentiel, ce qu’on est, et ce qu’on a toujours été depuis le début de la pandémie.
Gérer des clients qui doivent composer avec un sinistre deviendra particulièrement compliqué, dénonce M. Paquet.
« On a des besoins essentiels auxquels on fait face chez Canac. Quelqu’un qui a un dégât d’eau, on ne lui demande pas si tu es vacciné ou pas. Pour nous, c’est très décevant de gérer les clients qui vont vivre ces événements-là. On considère que ce n’est pas notre rôle. »
Coûts importants
Cette décision du gouvernement Legault engendre également des coûts importants pour ces commerçants : embauche d’agents de sécurité et achats de téléphones intelligents pour vérifier le passeport de chacun.
L’imposition du passeport vaccinal pourrait coûter jusqu’à 100 000$ par semaine à Canac, selon ses estimations. Si la mesure devait perdurer jusqu’en avril, les coûts pourraient donc atteindre un million de dollars.
Simon Gagnon, propriétaire d’un Sports Experts à Sherbrooke, nage aussi dans l’incertitude. Les coûts et la pénurie de main-d’oeuvre lui causent déjà des maux de tête.
Ça se passe quand même bien ce matin parce qu’ Il fait froid, donc c’est plus tranquille. Mais on a quand même des inquiétudes, quand il y aura plus de monde. Avec la pénurie de main-d’oeuvre, ce sera difficile de prévoir le personnel
, déplore-t-il.
Concurrence déloyale
Pour Simon Gagnon, cette nouvelle mesure entraîne également une concurrence déloyale dans son domaine. Il se sent désavantagé par rapport aux plus petits magasins d’articles de sport.
« C’est une mesure de plus qui contrait les gens. Nous, ce qui nous fait peur, c’est qu’au lieu de faire la file, les gens retournent ou aillent magasiner ailleurs. Je trouve que ce n’est pas très concurrentiel. Les gens sont avantagés d’aller dans des endroits plus que d’autres et nous, on veut qu’ils viennent chez nous. »
Clients frustrés
La mesure crée aussi son lot de déception chez les entrepreneurs qui se sentent bouc-émissaires d’une décision qui n’est pas la leur.
Canac affirme par exemple devoir composer avec des clients plus frustrés que jamais en deux ans de pandémie.
C’est l’événement qui a créé le plus d’agressivité envers nous depuis deux ans, déplore Patrick Delisle. On est que le messager là-dedans. On va l’appliquer. Mais ce n’est pas nous qui décidons de le faire. Partout sur les médias sociaux, on reçoit beaucoup de messages de gens qui se vident le coeur, pour le dire poliment
, mentionne Patrick Delisle.
Pas d’exception pour les travailleurs de la construction
Les travailleurs de la construction qui représentent une énorme part de la clientèle dans les quincailleries ne seront par ailleurs pas traités exceptionnellement.
Des travailleurs réclamaient récemment plus de souplesse de la santé publique à leur endroit. C’est qu’ils doivent se présenter à maintes reprises quotidiennement chez les quincailleries pour leurs travaux.
L’Association de la construction du Québec qui regroupe 18 000 entrepreneurs appelle néanmoins ses membres à respecter la décision de la santé publique.
Des solutions de rechange existent pour les travailleurs non vaccinés, concède son porte-parole, Hugo Houle.
« Quand il y a des grands chantiers, les entrepreneurs n’ont pas besoin de se présenter. Donc, ils peuvent appeler, passer leurs commandes et la faire livrer directement sur un chantier. »
Les travailleurs non vaccinés peuvent aussi aller dans une quincaillerie de plus petites surfaces [qui n’ont pas à exiger le passeport vaccinal]
, ajoute-t-il.
Environ 10 % des travailleurs de la construction ne seraient pas vaccinés, un peu à l’image de l’ensemble de la société québécoise, selon M. Houle.
Avec les informations de Hadi Hassin et Marion Bérubé