
L’Ontario discerne les hospitalisations « en raison de » et « avec » la COVID-19 | Coronavirus : Ontario
Les données sur les admissions dans les hôpitaux ontariens différencient désormais les patients traités en raison de la COVID-19
de ceux qui sont sont hospitalisés avec
le coronavirus, c’est-à-dire ceux dont l’infection n’est pas la cause de leur hospitalisation.
Il s’agit, selon la ministre de la Santé, Christine Elliott, de procurer du contexte supplémentaire
, qui prévient que ces chiffres ne changent rien à la gravité de la situation
.
Ainsi mardi, sur les 3220 personnes hospitalisées avec la COVID-19 dans la province, 54 % ont été admises à l’hôpital pour la COVID-19 et les 46 % restants l’ont été pour d’autres raisons même s’ils ont contracté la COVID-19.
Pourquoi modifier le décompte maintenant?
Cette statistique, étonnante au premier abord, est liée à la virulence actuelle de la pandémie, selon les spécialistes interrogés par Radio-Canada.
C’est un changement lié à Omicron, définitivement
, analyse le Dr Santiago Perez Patrigeon, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général de Kingston. Il y a toujours eu ce petit mélange de gens qui ont été hospitalisés pour d’autres raisons que la COVID-19
, mais dont on découvre qu’elles sont positives après dépistage sur place.
Or, avec la multiplication des contaminations observée ces dernières semaines, la proportion de COVID fortuits
comme le nomme son confrère, le Dr Adam Dukelow, du Centre des sciences de la santé de London, a augmenté.
« Omicron est tellement plus contagieux et se propage tellement plus rapidement que le nombre de personnes hospitalisées qui sont ici pour d’autres raisons mais qui ont la COVID représente une proportion beaucoup plus élevée que lors des vagues précédentes. »
Pour Anthony Dale, PDG de l’Association des hôpitaux de l’Ontario, la classification des patients atteints par la COVID-19 est intéressante, et c’est bon à savoir, mais ça ne soulage pas la pression sur notre système hospitalier
.
Il souhaite attirer l’attention vers les nombres record, jamais vus depuis le début de la pandémie, de cas graves qui se développent actuellement.
Nous avons [mardi] 477 patients atteints d’une maladie grave liée à la COVID dans nos unités de soins intensifs. C’est donc ça qui grimpe très, très rapidement. Et au cours de cette période de 24 h, nous avons eu 80 patients admis, ce qui est la plus grande admission en une journée depuis mars 2020.
Il craint par ailleurs que la nouvelle classification ontarienne soit mal interprétée. Ce que nous n’aimons pas du tout à ce sujet, c’est qu’il semble suggérer que la pandémie n’est pas aussi grave qu’elle ne l’est en réalité.
De possibles difficultés
La comptabilisation des patients admis pour
la COVID-19 ou avec
peut mener à des difficultés, relèvent les experts interrogés.
Le Dr Dukelow illustre par un exemple.
Si quelqu’un a un diagnostic de diabète et qu’il présente une complication avec un taux de sucre très élevé appelé acidocétose diabétique, nous rechercherons une cause de cette acidocétose diabétique et si la seule cause potentielle que vous trouvez est la COVID, alors de nombreux médecins diront qu’il est à l’hôpital à cause de la COVID, mais d’autres non, donc c’est assez nuancé.
M. Dale affirme que le ministère de la Santé ontarien a repris la méthodologie de rapport développée par le National Health Service en Angleterre et au Pays de Galles
, et a demandé à un groupe de médecins d’affiner les critères que les hôpitaux devront respecter.
La nouvelle politique étant encore récente, il faudra un certain temps avant que les hôpitaux aient une sorte d’approche uniforme pour la communication de ces données
, regrette-il.
En fin de compte, il y a une interrogation sur la façon dont les cliniciens perçoivent le patient individuel, et c’est là, leur jugement qui devrait l’emporter
pour déterminer s’il s’agit d’un cas sévère de la COVID-19 ou non.