
Plus d’enfants, dont des nouveau-nés, sont hospitalisés à cause d’Omicron | Coronavirus
Parmi les Canadiens, de plus en plus nombreux à être hospitalisés pour la COVID-19, enfants, adolescents et même nouveau-nés figurent en bon nombre, alors qu’Omicron provoque au pays un nombre inégalé d’infections.
Selon ce qu’a appris CBC, plusieurs hôpitaux ont connu récemment une hausse dans les admissions de jeunes patients infectés par le coronavirus. C’est notamment le cas pour quelques-unes des plus grandes institutions pédiatriques de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec.
Mercredi, plusieurs hôpitaux ontariens ont publié un avis de santé publique affirmant que deux d’entre eux, situés à Ottawa et Hamilton, comptaient six poupons hospitalisés pour des infections à la COVID-19 depuis la mi-décembre. Une situation qu’ils n’avaient guère connue auparavant.
Il reste que la COVID-19 ne provoque pas de grave maladie pour une grande majorité d’enfants, insistent les experts médicaux. Mais la hausse des hospitalisations à laquelle nous assistons en ce moment est liée, au moins en partie, à la forte contagiosité d’Omicron.
On constate que ce variant tend à avoir un impact davantage sur les voies respiratoires que sur les poumons, ce qui affecterait plus durement les enfants que les adultes.
L’impact d’Omicron est beaucoup plus respiratoire
, affirme la Dre Fatima Kakkar, pédiatre spécialisée dans les maladies infectieuses au CHU Sainte-Justine, à Montréal.
Par exemple, des enfants souffrant d’asthme se présentent à l’hôpital parce que leur asthme s’est aggravé
, dit la Dre Kakkar.
Le CHU Sainte-Justine, le plus gros centre de santé mère-enfant au pays, a rouvert son unité pédiatrique de COVID-19 il y a quelques semaines. Cette unité accueille maintenant de petits patients sur une base quotidienne, et deux fois plus qu’à pareille date l’an dernier.
Pour la Dre Kakkar, cette augmentation s’explique, en partie, par le fait qu’il y a tellement de cas d’infections dans la communauté que les enfants se présentent à l’hôpital – certains pour la COVID-19, d’autres pour des raisons différentes – et la COVID-19 est dépistée à l’admission.
Durant les vagues précédentes, les bébés n’étaient pour ainsi dire pas touchés par la COVID, poursuit la spécialiste. Maintenant, nous voyons des nouveau-nés; dans les trente premiers jours de vie, la maladie est importante.
La tendance voulant qu’Omicron s’en prenne aux voies respiratoires des adultes et des enfants est clairement observable, tant en laboratoire que dans la vraie vie, constate la Dre Syra Madad, directrice du programme des agents pathogènes spéciaux du système de santé de la ville de New York.
Il y a plus de congestion nasale, de maux de gorge, le genre de symptômes qui s’apparentent à l’influenza, que de symptômes d’affection des voies respiratoires inférieures
, dit-elle.
Pour la plupart des adultes en santé et vaccinés, un virus qui ne ravage pas les poumons est synonyme de maladie moins grave que celle qui était observée dans les premières vagues de cette pandémie. Mais, d’expliquer la Dre Madad, il en va autrement pour les enfants : les maladies des voies respiratoires supérieures les affectent plus durement
.
En ce qui a trait à l’influenza, au virus respiratoire syncytial (qui provoque l’infection des poumons et des voies respiratoires) et quelques-uns de ces autres virus respiratoires : les enfants sont plus durement touchés, malheureusement
, explique-t-elle.
Surtout les voies respiratoires
Ces observations faites sur le terrain concordent avec ce que les chercheurs ont récemment observé en laboratoire. Les premières conclusions de scientifiques japonais et américains, ayant étudié des rongeurs infectés par le variant Omicron, illustrent qu’ils souffrent d’affections pulmonaires moins graves que ce qu’avaient provoqué des variants précédents.
Des chercheurs de Hong-kong, eux, ont montré que cette nouvelle forme de virus se reproduit plus lentement dans les tissus pulmonaires que la souche initiale, mais environ 70 fois plus rapidement dans les tissus des voies respiratoires.
Je crois que cela va malheureusement toucher les enfants de manière disproportionnée, dit la Dre Madad. Mais la vague d’Omicron est encore si récente qu’il est difficile de prédire ce que nous allons voir; tout est encore très préliminaire.
En Ontario, où plus de 2000 personnes de tout âge sont hospitalisées en ce moment pour la COVID-19, le Hospital for Sick Children, l’hôpital pour enfants malades, est l’un des établissements qui enregistrent une hausse d’admissions.
Il y a un mois, cet hôpital comptait moins de cinq patients hospitalisés et infectés par la COVID-19. Mais mercredi, il en comptait 14, dont 4 cas qui n’avaient pas été admis à l’hôpital pour la COVID-19 initialement.
En général, les patients pédiatriques hospitalisés pour le coronavirus souffrent d’une maladie légère et sont traités pour des symptômes tels que la fièvre et la déshydratation
, selon la déclaration d’un porte-parole de cet hôpital du centre-ville de Toronto.
À Vancouver, au B.C. Children’s Hospital, les hospitalisations pour la COVID-19 sont en légère hausse en comparaison avec les mois précédant la vague Omicron, selon une source au fait du dossier, mais qui ne pouvait s’exprimer publiquement.
À l’Hôpital pour enfants de Montréal, le Dr Jesse Papenburg, spécialisé dans les maladies infectieuses, affirme que l’établissement connaît un pic
: beaucoup d’enfants qui y sont hospitalisés ont reçu un diagnostic de COVID-19 après avoir été admis pour d’autres problèmes médicaux.
La fièvre, un signal d’alarme
Les infections liées à la COVID-19 ne sont généralement pas graves lorsqu’il s’agit d’enfants, mais s’il s’agit d’un nouveau-né ou d’un très jeune bébé, particulièrement durant les premiers mois de vie, il faut l’hospitaliser dès qu’il y a présence de fièvre
, précise le Dr Papenburg.
Pour en revenir aux six poupons récemment hospitalisés pour des infections au coronavirus dans deux hôpitaux ontariens, ils sont particulièrement à risque du fait que leur système immunitaire n’est pas complètement développé. De plus, ils avaient tous des mères qui n’avaient pas été vaccinées contre le coronavirus. Par conséquent, ont affirmé ces établissements, ils n’avaient pas la protection des anticorps maternels qui sont transférés durant le troisième trimestre de la grossesse
.
Des données récentes colligées en Ontario illustrent que les enfants de 0 à 4 ans – un groupe pour lequel aucun vaccin n’a encore été approuvé – sont ceux qui présentent le plus haut taux d’hospitalisation parmi tous les enfants et adolescents.
En date de mercredi, 38 nouveau-nés et bambins avaient été hospitalisés pour la COVID-19, en comparaison avec 15 enfants et adolescents.
Hausse alarmante aux États-Unis
L’expérience des hôpitaux américains peut servir d’avertissement au Canada en ce qui a trait à l’impact potentiel et important d’Omicron sur les enfants. Il faut noter, toutefois, que le taux de vaccination des enfants aux États-Unis est inférieur à celui de la moyenne canadienne, ce qui place un plus grand pourcentage d’enfants américains à risque d’être infectés.
Fin décembre, de nombreux États américains rapportaient une hausse des admissions d’enfants dans les hôpitaux en raison de la COVID-19.
Le plus gros hôpital pédiatrique du pays, le Texas Children’s Hospital, à Houston, a récemment traité plus de 700 enfants infectés par le coronavirus durant une période de 24 heures. Cet établissement a rapporté à CNN que, durant les deux dernières semaines seulement, les hospitalisations d’enfants ont plus que quadruplé en raison du coronavirus.
À la fin de la semaine qui s’est terminée le 1er janvier, plus de 570 enfants en moyenne, infectés par le coronavirus, ont été admis chaque jour dans les hôpitaux des États-Unis, selon des données des CDC, les centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis.
Et 1 jeune Américain sur 100 000, environ, de moins de 17 ans, était hospitalisé en raison de la COVID-19 au début du mois de janvier, toujours selon les données des CDC.
Avec la présence d’un variant plus contagieux dans les communautés, affirme la Dre Madad de New York, plus d’enfants sont infectés, principalement ceux qui ne sont pas vaccinés. Malheureusement, certains d’entre eux se retrouvent à l’hôpital, parfois aux soins intensifs. C’est très certainement inquiétant.
Traduction d’un texte de Lauren Pelley, de CBC