
« Plusieurs kilomètres de camions » en route vers Ottawa: la police sur le qui-vive
Lors d’une mise à jour, en fin de matinée, le Service de police d’Ottawa (SPO) a réitéré son message aux résidents d’Ottawa : ceux et celles qui le peuvent doivent rester chez eux. Mais pour le chef du Peter Sloly, pas question d’imposer quoi que ce soit, y compris aux commerçants.
SPO,Ce sont eux qui décideront ou non de fermer [leurs commerces]. Ce que nous faisons, c’est leur donner la meilleure information possible pour qu’ils puissent prendre une décision éclairée. Et si la situation dégénère, on va les informer le plus rapidement possible et faire des recommandations plus fermes
, a-t-il indiqué en point de presse, espérant que les plus gros inconvénients ne concernent que la circulation.
Aucun permis de manifester n’a jusqu’ici été délivré, a précisé le
SPO. Mais les organisateurs avec lesquels la police est en contact ont assuré que l’événement sera pacifique.Le chef Sloly reconnaît toutefois que les forces de l’ordre ont connaissance de plusieurs menaces formulées sur les réseaux sociaux, notamment, et de groupes et d’individus radicaux qui pourraient se joindre à la manifestation.
Sans vouloir révéler l’identité de ces groupes, il a toutefois prévenu que ceux qui décideraient d’enfreindre la Loi seraient arrêtés, poursuivis et accusés si nécessaire, y compris après la tenue de la manifestation.
La police et ses partenaires prévoient déployer un important dispositif pour assurer la tenue de l’événement en toute sécurité.
Vous pouvez vous attendre à voir plusieurs officiers, en une variété d’uniformes et différentes sortes d’équipements dans les régions identifiées importantes pour avoir une bonne vue de ce qui se passe. Vous allez voir aussi des agents sur les toits. On a aussi accès à des drones
, a indiqué Trish Ferguson, chef-adjointe par intérim du SPO.
Même si la police et ses partenaires, dont la Police provinciale de l’Ontario (PPO), le Service de protection parlementaire ou les services de renseignement, préparent leur plan depuis plus d’une semaine, beaucoup d’inconnus demeurent, ont expliqué les représentants de la police d’Ottawa qui gère les opérations.
Le nombre de participants reste encore à déterminer, même si la police d’Ottawa dit être en contact avec huit convois, tout comme la durée de l’événement qui pourrait s’étendre au-delà de dimanche. La police se dit prête à dégager les véhicules si nécessaire.
Pour l’heure, la manifestation est officiellement prévue samedi, à midi.
Jauger la situation
L’ex-sous-commissaire adjoint à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) Pierre-Yves Borduas explique que les forces de l’ordre s’affairent à récolter tous les renseignements possibles le plus rapidement, pour bien jauger la situation et éviter tout risque de débordement.
Il y a visiblement, selon lui, un problème d’imputabilité.
En entrevue vendredi aux matins d’Ici, le spécialiste en sécurité stratégique souligne qu’au départ, c’est un groupe de camionneurs qui a quitté la Colombie-Britannique à destination d’Ottawa. Cependant, il constate qu’au fur et à mesure de leur périple, leur cause a galvanisé de nombreux autres groupes opposés aux mesures de vaccination et aux politiques du gouvernement. Ces individus se sont greffés au mouvement de protestation des camionneurs.
Pierre-Yves Borduas explique que normalement les forces de l’ordre essaient de coordonner le tout avec les organisateurs. Mais le problème est complexe dans ce cas-ci. M. Borduas relate qu’au début du mouvement de protestation, il y avait une organisatrice en chef. Mais maintenant, plusieurs personnes réclament aussi le droit d’être coordonnateurs de cet événement. Il résume ainsi la situation : ça crée un problème important pour les forces de l’ordre, car le point d’imputabilité est auprès de plusieurs individus, et c’est difficile de tout coordonner
.
« Leur plus grosse inquiétude, aux forces de l’ordre, c’est d’avoir un loup solitaire, quelqu’un qui décide de prendre les choses en mains. »
Pierre-Yves Borduas décrit l’état d’esprit des forces policières, en disant qu’il faut se préparer au pire pour gérer le meilleur. Ce qu’on veut, c’est éviter une répétition de ce qui s’est passé le 6 janvier, l’année dernière, au Capitole.
L’ex-commissaire conclut que c’est en raison de ce contexte que les forces de l’ordre doivent aussi prévenir tout accès à certaines structures et certains édifices, pas seulement sur la Colline du Parlement, mais aussi dans le secteur de la résidence du gouverneur général, où est confiné le premier ministre.
Des manifestants en provenance de partout au pays
La
PPO confirme ne pouvoir évaluer avec précision l’ampleur de la manifestation prévue samedi, à Ottawa. Cet exercice est difficile estime la sergente Cynthia Savard, compte tenu des nombreuses routes empruntées par les protestataires pour se rendre à destination.« Ils vont arriver de partout. Les autorités 401, 416, 417, ne soyez pas surpris que ça ait l’air bloqué, parce qu’il va y avoir beaucoup de camions et de véhicules. »
Une chose est sûre, selon elle, mis bout à bout, ça fait plusieurs kilomètres de camions
.
La policière recommande elle aussi fortement d’éviter de se rendre à Ottawa si ce n’est pas nécessaire. Ceux qui prendront tout de même la route devront s’armer de patience, car prévient-elle, ils risquent d’être coincés [dans un bouchon] pendant des heures.
Cynthia Savard, coordonnatrice des services communautaires pour la région de l’Est pour la assurez-vous d’avoir un réservoir d’essence plein et tout ce dont vous avez besoin pour survivre quelques heures dans votre voiture.