Québec promet d’agir pour mieux prévenir le suicide en prison
Dans un courriel, le MSP confirme qu’il a pris acte du rapport
déposé le mois dernier par la coroner Karine Spénard, au terme d’une enquête publique qui lui a permis d’identifier plusieurs problèmes liés à la prévention du suicide dans les établissements de détention du Québec.
Le rapport de Me Spénard recommande entre autres de créer des postes de psychologue dans les prisons du Québec, d’attitrer des employés à l’évaluation du risque suicidaire des détenus et d’offrir de la formation en prévention du suicide à tous les agents correctionnels.
« Le MSP a pris attentivement connaissance du rapport […] et des analyses sont toujours en cours afin de déterminer les façons optimales d’y donner suite et ce, dans les meilleurs délais possibles. »
Le MSP dit être bien conscient que l’incarcération constitue une période difficile
et que les décès par suicide ont des répercussions sur les personnes, les proches et les membres du personnel carcéral qui y sont confrontés
.
Démarches en cours
Dans son rapport, la coroner Spénard recommande notamment la création d’une ligne de communication pour permettre à l’entourage d’une personne incarcérée de transférer des informations au sujet de son état psychologique.
Le MSP indique qu’une ligne téléphonique appelée Info-Familles répondant précisément à cet objectif a été mise en place en mars 2021, soit plusieurs mois avant la diffusion du rapport de la coroner.
Le MSP affirme aussi que d’autres mesures prises l’année dernière répondent en partie aux recommandations de la coroner.
Par exemple, des travaux ont été entrepris en vue de l’ajout de ressources professionnelles dédiées à la relation d’aide
dans les établissements de détention du Québec, écrit le MSP.
Des intervenants externes spécialisés en prévention du suicide interviennent ponctuellement auprès des personnes incarcérées dans le cadre d’un projet-pilote
et des comités de travail sur l’amélioration des pratiques ont été mis en place
, soutient le ministère.
Sombre année 2021
L’an dernier, Radio-Canada avait publié sa propre enquête concernant le fléau du suicide dans les prisons du Québec.
Le reportage démontrait que le phénomène était plus fréquent au Québec que dans les autres provinces canadiennes et que plusieurs éléments du système échouaient à bien protéger les personnes incarcérées.
Selon les données fournies par le MSP, pas moins de 13 suicides ont eu lieu en 2021 dans les établissements de détention du Québec. Il s’agit d’un des nombres les plus élevés au cours des 20 dernières années.
À ce sujet, le MSP affirme que la pandémie et les mesures mises en place pour lutter contre la propagation du virus ont accentué le sentiment de détresse de certaines personnes incarcérées
. Le MSP dit néanmoins avoir pris des mesures pour faire face à la situation.
« Par exemple, [le MSP] s’est assuré que les personnes confinées en cellule en raison de la COVID-19 aient accès à des journaux ainsi qu’à des téléphones cellulaires pour communiquer avec leurs proches. »
Des professionnels ont été mis à contribution pour aller rencontrer quotidiennement les personnes incarcérées dans les secteurs de confinement et la fréquence des rondes de surveillance a été augmentée
, poursuit le MSP.
D’après diverses études, les personnes incarcérées sont jusqu’à sept fois plus susceptibles que le reste de la population de s’enlever la vie.