
Rêve olympique : l’ascension du jeune prodige Éliot Grondin | Vous avez vu?
Plus jeune athlète canadien masculin des derniers Jeux d’hiver, alors qu’il n’avait que 16 ans, le Beauceron est à la recherche de sensations fortes depuis sa tendre enfance. Il allait de soi qu’un sport dit acrobatique, tel que le surf des neiges, attire son attention en bas âge.
Quand Éliot était tout petit, c’était un petit bonhomme bien casse-cou. Pour lui, s’asseoir dans une soucoupe bleue pour glisser ce n’était pas assez intéressant, donc il glissait debout
, explique sa mère Mélanie Turcotte.
Je lui ai dit de mettre un casque de hockey s’il voulait rester debout, comme ça sa tête serait protégée. Je lui ai aussi dit qu’il y avait un sport qui s’appelle le snowboard, où tu peux demeurer debout sur une planche…. mais qui ne tourne pas
, poursuit-elle, le sourire aux lèvres.
Ses parents l’ont donc inscrit à un premier cours lorsqu’il avait 4 ans. Au départ, la monitrice croyait que quelques séances seraient nécessaires avant qu’Éliot Grondin puisse dévaler la pente du haut de la montagne. Une vingtaine de minutes lui ont suffi avant d’obtenir sa bénédiction.
Le jeune prodige s’est développé à pleine vitesse, au même titre que sa passion pour son nouveau sport. Attiré par une publicité dans le journal, son grand-père Denis Turcotte a proposé aux parents que leur progéniture prenne part à l’édition 2009 du Jamboree de Stoneham, une étape de la Coupe Québec.
L’occasion était idéale pour qu’Éliot Grondin, qui était sur le point d’avoir 8 ans, découvre le snowboard cross dans le cadre d’une compétition. L’essai s’est avéré pour le moins fructueux. J’ai remporté cette course, et tout a commencé. Ça me travaillait, je voulais en faire une autre
, se souvient-il.
« Éliot, ça fait vraiment longtemps que je le connais. Ses parents m’ont approché en 2010 peut-être, il devait avoir 9 ans. Je n’étais pas habitué d’entraîner des enfants de 9, 10 ans ; j’étais surtout habitué avec une équipe de la FIS, donc 15 ans et plus. Mais Éliot, je l’avais vu souvent dans les compétitions de la Coupe Québec et je trouvais qu’il se démarquait des autres. J’ai eu envie de travailler avec lui. »
En fait, il a été comme mon père. J’ai passé tellement de temps avec lui à voyager. Je passais quasiment autant de temps avec lui qu’avec mon père dans une année. Il a joué un gros rôle dans ma vie
, ajoute Éliot Grondin.
Un adolescent parmi les adultes
Quelques années après le début de leur association, alors que le jeune spécialiste du snowboard cross avait à peine 13 ans, l’instructeur Desmarais a soumis l’idée de le faire compétitionner dans la catégorie ouverte (open), qui regroupe des athlètes de 19 ans et plus.
Éliot Grondin ne s’en cache pas ; il était bien craintif à cause de la différence d’âge marquée avec l’ensemble de ses adversaires. C’est sûr que c’était un peu épeurant. Tu as 13 ans et le gars à côté de toi, c’est un adulte!
« J’ai compris qu’il fallait que je parte vite et que je me sauve parce que si j’entrais en contact avec l’un d’eux, c’est moi qui allais tomber. J’ai toujours trouvé ça le fun de battre les plus vieux. Même quand j’avais 12, 13 ans, je ne voulais pas nécessairement gagner la course, je voulais battre les plus vieux. C’est encore un peu ça. »
Le duo ciblait d’abord les Jeux d’hiver de 2022 pour le baptême olympique d’Éliot Grondin. Sa saison 2017-2018 devait essentiellement se dérouler sur le circuit NorAM. Quelques étapes de la Coupe du monde étaient aussi au programme.
Neuf jours avant l’entame des compétitions en Corée du Sud, après la nomination de l’équipe nationale de surf des neiges, le planchiste a reçu une invitation de dernière minute pour mettre le cap sur Pyeongchang.
À 16 ans seulement, la marche était haute pour lui à gravir. C’était le plus gros parcours que je n’avais jamais fait […] Je regardais ça et me disais : “ Qu’est-ce que je fais ici? ” J’étais encore au stade où j’avais un peu peur de courser dans ces parcours, et là, j’étais là-dedans.
Après avoir pris la 34e place en qualifications, il a été victime d’une chute en huitièmes de finale et a conclu en 36e position au cumulatif. Pas le résultat espéré pour Éliot Grondin, mais ce n’est vraiment pas l’important
, assure sans détour son entraîneur Nicolas Desmarais. L’important, c’est l’expérience emmagasinée pour la suite.
« On le savait clair et net que je n’allais pas là pour gagner une médaille. C’était vraiment pour prendre de l’expérience, vivre les Jeux pour qu’en 2022, cet hiver, je sache ce qui s’en vient et c’est quoi les Jeux. »
L’appui de Dominique Maltais
Quand j’ai grandi, je regardais certains athlètes et j’étais [émerveillé]. J’essayais de devenir un peu ce qu’ils étaient. C’est à cause de ça que j’ai commencé le sport. Je regardais Dominique Maltais, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai voulu débloquer dans le sport
, indique-t-il.
Comme le hasard fait bien les choses, c’est justement sa plus grande idole
qui a décrit ses performances lors des Jeux de Pyeongchang et qui le fera à nouveau à Pékin.
« Il a une tête sur les épaules. Il sait où il s’en va, il sait quoi faire pour performer et pour être dominant […] C’est pour ça que je suis très impressionnée et je suis sûre qu’il va remporter des médailles aux Olympiques. »
En attendant son occasion de grimper sur le podium olympique, comme Dominique Maltais l’a d’ailleurs fait aux Jeux de Turin (3e) et de Sotchi (2e), Éliot Grondin s’est affirmé au niveau international depuis 2018.
Le planchiste de 20 ans s’est couvert de bronze aux mondiaux de 2021 à Idre Fjäll, confirmant ainsi sa place parmi l’élite exactement 12 mois avant les Jeux d’hiver de Pékin. Le détenteur de cinq médailles en Coupe du monde depuis 2020 pointe également au 4e échelon du classement général à mi-chemin dans la présente saison.
Invité surprise en Corée du Sud, le jeune prodige sera l’une des vedettes en Chine et tentera de poursuivre sa fulgurante ascension sur la scène du snowboard cross.
(Avec les informations de Jacinthe Taillon)