
« Tu es qui pour dire non aux Olympiques? » – David Desharnais | Vous avez vu?
Si l’on noircit le tableau un peu, c’est bien parce qu’il n’y a rien de rose en ce moment dans le monde, et même si Desharnais reçoit l’appel de sa fédération pour participer aux Jeux de Pékin en février, car c’est de cela qu’il s’agit, ce ne sera pas nécessairement le cœur léger et la tête pleine de rêves que le Québécois ira s’enfermer dans une bulle olympique toujours nébuleuse, mais qui promet d’être des plus strictes.
Hockey Canada devrait annoncer sa formation, sans les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), rappelons-le, d’ici une semaine environ. L’ancien du Canadien figure parmi les prétendants. Mais le bassin de joueurs est large.
Il y a les Canadiens exilés dans les ligues européennes, les joueurs qui détiennent des contrats à un volet de la Ligue américaine, les jeunes qui jouent dans les rangs juniors ou dans les universités américaines.
On a eu des contacts par email, et la liste de joueurs est longue. De ce que je peux voir, il y en a environ 90
, raconte Desharnais.
Il y a des papiers à remplir pour ci, pour ça. Tout le monde reçoit la même chose
, poursuit-il.
TSN a avancé certains noms la semaine dernière, dont ceux des jeunes Owen Power et Mason McTavish, tous deux présents au Championnat mondial de hockey junior, avant son annulation. Pour le reste, la composition de la sélection nationale est enrobée de mystères.
À l’image de ces JO, d’ailleurs. Avant Noël, un membre de l’équipe olympique en 2018, Maxim Noreau, déplorait le peu d’informations reçues jusqu’à présent. Même chose du côté de l’agent de joueurs Allain Roy. Qu’en est-il des assurances? De la quarantaine en cas de test positif? Des ambulances sanitaires promises par le président de la Fédération internationale de hockey (IIHF), Luc Tardif?
M. Tardif a promis qu’aucun joueur ne serait abandonné en Chine, ce qui n’avait pas rassuré Noreau pour autant.
C’est ce qu’eux disent, mais après ça, si le gouvernement en Chine décide de faire autre chose, tu es un peu pogné. C’est leur décision. Ce n’est pas le président du Comité olympique qui va prendre la décision, ça va être le gouvernement. Ça aussi, c’est un enjeu. Ça fait peur un peu
, expliquait-il dans nos pages.
Desharnais nourrit les mêmes inquiétudes, mais voit les choses d’un autre œil.
« Tu es qui pour dire non quand, normalement, tu ne serais même pas proche d’y aller [aux Jeux olympiques]? C’est un bizarre de feeling. »
Il n’y a aucune chance dans la vraie vie que tu te ramasses aux Jeux olympiques quand les meilleurs y vont. Là, tu es comme le plan W. Mais c’est une belle occasion malgré tout ça […] Rendu là, est-ce qu’on peut dire finalement : » je ne veux pas y aller « ?
Surtout que, durant toute sa carrière, l’ancien du Tricolore n’aura porté le chandail d’Équipe Canada que pendant…deux périodes, à la Coupe Spengler 2019.
Manque de peau, [il] s’était cassé la main
.
Invité à nouveau lors des éditions 2020 et 2021, il n’a pu participer à l’événement, annulé la première fois, tandis que le Canada s’est retiré de la compétition au cours des dernières semaines. On parlait de rendez-vous manqués…
N’empêche, si l’occasion semble trop attrayante pour la laisser filer advenant une convocation, Desharnais n’ira pas à n’importe quel prix.
Il y a des règles qu’on ne sait pas. Il faut savoir à quoi s’attendre là-bas et pas juste être envoyé dans la jungle et arrange-toi avec le reste
, fait-il valoir.
Tout cela sans compter les difficultés d’un simple point de vue sportif. La plus criante d’entre elles? Créer une chimie avec des joueurs rassemblés de différents coins de la planète qui n’auront, dans la grande majorité des cas, jamais joué ensemble. Il faudra le faire sans tournoi préparatoire, sans matchs hors-concours et avec quelques entraînements à peine. Bonne chance à Claude Julien, entraîneur-chef présumé de cette mosaïque de hockeyeurs.
En quarantaine
Joint à Fribourg, en Suisse, où il joue depuis trois saisons, Desharnais goûte aux joies du confinement depuis six jours. C’est qu’il y a eu des cas positifs à la COVID-19 dans l’équipe, mais lui s’en est sorti indemne à ce jour.
C’est long
, a-t-il résumé dans un effort de vulgarisation extrêmement précis.
Au moins, je peux sortir sur ma terrasse
, a-t-il philosophé. Ce qui est non négligeable, en effet.
La Ligue nationale suisse poursuit ses activités même si certains clubs doivent parfois s’arrêter pendant quelques jours en fonction des éclosions de ce chenapan de virus. Desharnais totalise 29 points en 34 matchs cette année pour un total de 95 en 115 en trois saisons à Fribourg-Gotteron.
Le petit joueur de centre se plaît beaucoup à Fribourg, assure-t-il, cette petite bourgade au sud-ouest de la capitale, Berne. Desharnais a d’ailleurs prolongé son association d’une saison avec le club. Le Québécois assure qu’il a commencé à songer à la retraite et que, n’eût été la pandémie, ce serait peut-être chose faite. Il voulait finir sur une note plus joyeuse.
Je veux finir sur un high!
Qui sait, une participation olympique pourrait peut-être contribuer à ce petit remontant.
En rafale
David Desharnais suit toujours les activités de la LNH et, particulièrement, de son ancienne équipe. L’occasion était belle pour obtenir son avis sur la triste actualité tricolore, même s’il avoue ne plus entretenir de contacts avec ses anciens coéquipiers, Phillip Danault ayant été son dernier espion à l’interne.
- À propos des insuccès du Canadien :
Il leur manque beaucoup de pièces. En partant, quand tu n’as pas Carey (Price) dans le but… Ils ont perdu (Phillip) Danault, leur capitaine (Shea Weber). Ça fait beaucoup de bons joueurs. L’an passé, ils ont été bons au bon moment. C’était un peu une histoire Cendrillon, mais ils ne devraient pas être au bas du classement.
- À propos du départ de Phillip Danault :
À Montréal, des fois, on dirait que [les supporteurs] voient le gazon plus vert ailleurs, mais quand leurs joueurs partent, ils se rendent compte qu’ils étaient utiles. On veut toujours la prochaine vedette, le nouveau qui va arriver… Ce n’est pas de même que ça marche.
- À propos du congédiement de Marc Bergevin :
L’an dernier, s’il ne passait pas le premier tour, c’était écrit dans le ciel qu’il ne revenait pas. Il a été bon pendant 10 ans. Il a fait de bons échanges, il était actif. C’est tout à son honneur d’être resté 10 ans. C’est lui qui m’a signé mon gros contrat. Il me faisait confiance. Je lui dois tout ça. Il a été super, il m’a donné une belle occasion. C’est à ça que je pense quand j’entends son nom. Il n’avait pas peur de faire des moves. C’est le fun comme joueur quand tu sais que le DG veut gagner.